Terence Hill contre Francis Blanche : quand ils sont associés, les comiques italien et français aboutissent à du non-sens que les Britanniques ne renieraient pas et nous livrent une Grosse pagaille, sur fond d’uniformes allemands.
L’un n’avait pas encore rencontré Bud Spencer, l’autre avait déjà quitté Pierre Dac : voilà comment deux solitudes ont été associées dans un film sorti en 1967, comment Terence Hill (qui s’appelait encore Mario Girotti) s’est retrouvé face à Francis Blanche. Une opposition franco-italienne parfaitement loufoque, absolument nanardophile que cette Grosse pagaille que l’on doit à Steno, pseudonyme derrière lequel s’est longtemps caché Stefano Vanzina, 81 longs métrages au compteur et un paquet de pantalonnades.
Le bellâtre italien et le franchouillard moustachu
Cette fois, il s’est essayé à la collaboration. Tout d’abord entre Terence Hill et Francis Blanche donc, qui n’ont malheureusement que peu de scènes en commun, ce qui peut paraître logique, vu qu’ils passent leur temps à se courir après, mais plombe un peu l’ensemble.
Parce que lorsqu’ils sont face à face, ça frétille grave : le bellâtre italien, incarnant un savant (sic) inventeur de la bombe à faire pleuvoir (re-sic) que l’occupant nazi veut s’approprier, est poursuivi par le franchouillard moustachu qui se parodie lui-même en capitaine Vögel, pianiste autrichien engagé dans la Wehrmacht. Si le fait de surjouer, d’en faire des tonnes, était discipline olympique, Francis Blanche serait paré d’or. Mais ne lui jetons pas la pierre : dans notre Grosse pagaille, il y a pire (ou mieux, ça dépend du point de vue).
La comédie guerrière musicale, un vrai concept !
Pour en revenir au principe de base collaborationniste voulu par Steno, il convient de préciser qu’on est dans une production internationale, avec Jess Hahn en digne représentant des forces armées américaines. Gueule du cinéma européen des années 1960-70-80, il n’est pas crédible une seconde en pilote US. Tout ce qu’il veut, c’est bouffer et ça devient vite lassant. Quant à Rita Pavone, qui joue… Rita la jeune aubergiste au grand cœur qui veut sauver notre professeur des griffes vert-de-gris, elle passe son temps à chanter. Parce qu’on est une comédie guerrière musicale. Un vrai concept en soi.
On passera rapidement sur les prestations de Michel Modo (du tandem Grosso et Modo, qui faisait partie de l’équipe d’origine du Gendarme de Saint-Tropez) et de l’insupportable Aroldo Tieri synthétisant l’intégralité de la palette des grimaces sous uniforme SS. En même temps, sans eux, la farce n’atteindrait pas les sommets comme c’est le cas. Comme il n’y a pas vraiment d’histoire, il faut bien trouver des dérivatifs. "Ce n’est pas la guerre, c’est le cirque Barnum", analysera, à un moment, Francis Blanche après avoir perdu son side-car dans les rues de Florence.
Et c’est vrai que c’est un vrai défilé : courses-poursuite rurales, chansons en play-back, travestissements (Rita déguisée en colonel fritz et draguée par une accorte quadragénaire transalpine, ah ah ah), pistolet à schnaps, larbin soud-muet, échange de bottes, mariage bidon, postiches, suicide maquillé, démontage de Mercedes (en roulant, bien entendu), cochon rose, avion en carton, faux Hitler, groupe yé-yé nommé les "Old Soldiers" : il y a tout ça dans La Grosse pagaille qui ne méritait pas un autre titre. Kolossal !