''Au boulot, sale négro'' ''Raciste va !'' ''Quoi ?'' ''Vous me dites ça parce que je suis noir !'' ''Évidemment, ah ah ah !'' Pour une comédie, Case départ n''a pas choisi le sujet le plus facile. Le duo Fabrice Eboué et Thomas Ngijol nous sert un mélange étonnamment digeste entre Les Visiteurs et de La Chèvre, le tout chez les esclavagistes. Et les deux compères volent à 10 km au-dessus de toute la production comique française.
L''histoire, c''est celle de Joël et Régis, demi-frères qui n''ont en commun que leur père qu’ils connaissent à peine. Joël (Ngijol) est une fausse racaille qui blâme la France et son racisme pour ses échecs, tandis que Regis (Eboué) est un garçon de bonne famille, un conseiller municipal ''intégré'' qui renie sa moitié noire au point d''être devenu raciste.
Alors qu''ils se retrouvent aux Antilles pour voir une dernière fois leur père très malade, ils vont être propulsés en 1780, où ils seront vendus comme esclaves au propriétaire d''une plantation de canne à sucre. Traités comme des moins que rien, ils vont enfin prendre conscience du chemin parcouru par leur peuple...
Un humour féroce
Fallait oser. Sujet casse-gueule par excellence, l''esclavagisme n''a été que peu traité avec talent au cinéma, en dehors de quelques pépites comme Amistad. On est loin de la comédie familiale classique façon Les Tuche. Il faut s''attendre avec Case départ à un humour souvent noir (ah ah!) et plutôt bien vu. La farce n''est pas hilarante mais on ne s''ennuie pas, et le film a le mérite de faire réfléchir le public à son passé pas glorieux.
La patte de Fabrice Eboué sur le scénario est évidente, lui qui écrivait déjà brillamment pour Inside Jamel Comedy Club, drôlatique série diffusée par Canal + (et bien trop vite annulée), où l''on voyait les coulisses supposées de la troupe de Debbouze. Case départ compense une réalisation un peu plate par un rythme acharné et des vannes qui dépassent en permanence les limites du politiquement correct (''Oh non mais ces nègres ! Ils ont des pieds à la place des mains'' ''Et des mains à la place des pieds, comme tous les singes madame !'').
Case départ ose un humour féroce qui joue avec les clichés et la réalité historique. Beaucoup plus intelligent et moins caricatural que ce que la bande-annonce pouvait laisser croire. Avec leur première réalisation, Fabrice éboué et Thomas Ngijol frappent un grand coup.
Case départ, de Fabrice Eboué, Thomas Ngijol et Lionel Steketee, avec Fabrice Eboué, Thomas Ngijol, Eriq Ebouaney, Franck De La Personne... Durée : 1 h 34. Sortie le 6 juillet 2011.