Quinze films, mais pas de grandes stars, de tapis rouge ni de salles obscures: la Berlinale, premier festival européen de cinéma de l'année, s'ouvre lundi en ligne, symbole d'un secteur culturel mis à mal par la pandémie.
La sélection fait la part belle au cinéma d'auteur et à douze premiers films. Mais elle fait l'impasse sur le cinéma américain ou les grosses productions, pandémie oblige. Douze réalisateurs et six réalisatrices sont en lice pour l'Ours d'or, qui doit être décerné vendredi à l'issue de ce festival en format réduit à 5 jours au lieu de 10. Le jury, composé cette année de six précédents lauréats de l'Ours d'or, n'a exceptionnellement pas de président. Pour la première fois aussi, il doit attribuer un prix d'interprétation "non-genré", une singularité dans les grands festivals mondiaux, au lieu des traditionnels prix du meilleur acteur et de la meilleure actrice.
En raison de la pandémie, cette 71e édition se tiendra en deux temps, les projections ouvertes au public étant repoussées du 9 au 20 juin. Côté compétition, la Française Céline Sciamma présentera "Petite Maman", l'histoire d'une petite fille dont la mère disparaît et qui trouve une alter ego dans les bois. Réalisatrice du remarqué "Portrait de la jeune fille en feu", elle fut prix du scénario au festival de Cannes en 2019. Cinéaste accompli, auteur de "Des hommes et des Dieux", le Français Xavier Beauvois présentera de son côté "Albatros", un drame social tourné à Etretat. Le comédien belge Jérémie Renier y interprète un commandant de brigade dont la vie bascule après avoir tué un homme en voulant l'empêcher de se suicider. Côté allemand figure "Ich bin dein Mensch" de Maria Schrader, récompensée par un Emmy Award l'an passé pour sa série à succès sur Netflix, "Unorthodox". Son nouveau film est une comédie romantique sur un robot interprété par Dan Stevens ("Downton Abbey"). L'acteur allemand Daniel Brühl, révélé dans la comédie douce-amère "Good Bye, Lenin" et devenu une star internationale, est lui aussi en compétition avec son premier film en tant que réalisateur, "Nebenan" sur la gentrification à Berlin. Le Roumain Radu Jude, primé en 2015 pour "Aferim" est de retour dans la compétition avec "Bad Luck Banging or Looney Porn" sur une enseignante filmée dans une sextape qui se répand sur le net.
Un documentaire belge francophone "Juste un mouvement" réalisé par Vincent Meessen prend part à la compétition réservée aux courts-métrages, dans la section "Forum". Il évoque le militant marxiste Omar Blondin Diop décédé dans une prison de l'île sénégalaise de Gorée en 1973. Trois oeuvres flamandes "Zonder meer" de Meltse van Coillie, "Nanu Tudor (My Uncle Tudor)" d'Olga Lucovnicova et "Easter Eggs" de Nicolas Keppens sont aussi sélectionnés parmi les courts-métrages en compétition.
En marge de la compétition, le festival berlinois montrera aussi en première mondiale un documentaire de la chaîne HBO sur Tina Turner par les réalisateurs Dan Lindsay et T.J. Martin. Les films ont été réalisés entièrement ou en partie pendant la pandémie, a souligné le directeur artistique du festival Carlo Chatrian. (Belga / Belga)