"Les films de super-héros sont ternes. J'aime ressentir l'énergie d'une salle de cinéma qui attend de voir le rideau se lever en se disant: 'Bon, s'il y a bien quelque chose qu'on ne sait pas du héros, c'est à quel point il va en baver' ". David Fincher n'aime pas les films de super-héros et vient de le faire savoir dans une interview accordée à Playboy. Ternes, les super-héros ? Le genre fait pourtant un carton au box-office et connaît un âge d'or depuis que Marvel Studios a trouvé la formule magique.
Mais Fincher, dont le Gone Girl sortira prochainement, n'est pas le seul à penser de la même façon. Michel Gondry, en 2010, après la sortie de The Green Hornet, évoquait déjà le sujet. Et pas de façon tendre. Il parlait déjà d'une vision "fasciste". Cette année, il remettait ça dans Clique, l'émission de Canal+ : "En réalité, le film que j'ai fait, ce n'est pas vraiment un film de super-héros. Je trouve qu'il y a une imagerie de fasciste attachée à cette idée qu'un homme va sauver le monde, faire justice soi-même et régler tous les problèmes".
Une façon de voir les choses beaucoup plus radicale que celle de David Fincher, qui semble simplement s'ennuyer devant ce genre de films.
Un autre réalisateur - pourtant partie intégrante de la machine Marvel - Joss Whedon, s'est lui aussi exprimé il y a quelques mois sur l'idéologie fasciste du film de super-héros. "J'ai vu The Dark Knight et j'ai pensé que c'était loin du genre", expliquait-il. "C'était autant un film de super-héros que l'était Le Parrain (...) On vient juste d'obtenir la technologie qui permet de les rendre superbes, je n'étais pas prêt à une lecture post-moderne du genre (...) Nous sommes constamment tiraillés entre les deux. Tu tentes de faire un film populaire avec une iconographie fasciste qui est simplement plus grosse, meilleure et plus longue, et tu tentes de la déconstruire et trouver une faiblesse et une humanité. Les spectateurs avec leurs propres bagages émotionnels. Est-ce qu'on est en phase de montée ou de descente ? Je ne peux pas vraiment le dire. Mais je tente de faire mes films de super-héros comme s'il n'y en avait jamais eu ou comme s'il n'y avait eu que ça. Je travaille avec l'idée que c'est simplement naturel pour les personnes d'être comme ça, ainsi, je fais toujours un film à propos de personnes".