Le Café d'Anvers a ouvert en 1989. A la même époque, des boîtes house tournaient à fond comme le 55, le Boccacio, la Glasnost, At The Villa et déjà la Démence! Que s'est-il passé cette année-là pour le clubbing belge?
Ben Biets: C'est en effet, une année charnière. C'est le début d'une nouvelle façon de sortir, loin des habitudes et de la musique commerciale. Avec l'arrivée de la house et de la techno, tout le monde s'est mis à pouvoir apprécier une musique assez novatrice et expérimentale. C'était la naissance d'une sorte d'aventure. Aujourd'hui, il n'y a pas cinq boîtes en Belgique qui passent encore une musique aussi qualitative et exigeante.
Cette déferlante n'est-elle pas aussi arrivée grâce à certaines petites pilules roses appelées ecstasy?
Ben Biets: Cette drogue est arrivée au même moment, oui. Mais il était aussi possible d'aimer la house sans paradis artificiel... C'est une question de feeling.
La situation est différente aujourd'hui?
Ben Biets: Il y a en a toujours en boîte, sans doute, mais ce qui a changé, c'est que c'est devenu un mode de consommation plus 'global'. On peut prendre ces substances lors d'un festival, d'une soirée dans une salle privée ou à la maison en mixant avec ses petits copains...
Quel est le bilan à tirer des 15 ans du café d'Anvers?
Ben Biets: Je ne suis ici que depuis 5 ans. Avant je bossais au Montini et au Katsu Club, une boîte dans le Limbourg.
Tu as dû entendre parler de grands moments au Café d'Anvers!
Ben Biets: Bien sûr! Je crois que les plus grosses soirées ont été celles du 'Paradise', organisées par Patrick Soks et Peter Decuypere du 55 (ndlr: le Peter est aussi à la base d'I Love Techno, du Phil Collins et du Fuse...). Le budget et les moyens étaient énormes! Le public qui devait payer près de 20 euros se pressait en file à l'entrée. C'était la folie.
Es-tu nostalgique de cette époque? Les mentalités ont-elles changées quant au mode de sortie?
Ben Biets: Je ne suis pas nostalgique comme les gens de 30-40 ans qui sortent encore mais n'arrêtent pas de dire 'C'était mieux avant'... Ils ont aussi vieilli! Mais, c'est vrai que je regrette, par exemple, les gsm en boîte. Les gens sont là et ils ne sont pas là en même temps. Ils pensent déjà au rendez-vous d'après ou ils parlent par gsm du lieu d'avant... Ils ne savent plus vraiment plonger à fond dans une ambiance. Les clubbers d'avant étaient plus ouverts aussi.
Y a-t-il une façon différente de voir la nuit en Flandre et en Belgique francophone? Avez-vous vécu la crise de 2001 comme nous ici à Bruxelles, dans les clubs?
Ben Biets: Avec le 11 septembre et la vente des CD's qui a chuté, on a tous vécu la même crise. Et de façon générale, Anvers est assez proche de Bruxelles, je trouve. Par contre, il est vrai qu'il y a beaucoup plus de boîtes en Flandre.
Depuis un an ou deux, les jeunes veulent l'électricité agressive des guitares, plutôt que le courant faible des laptops... Est-ce que le café d'Anvers a suivi cette vague, comme au Dirty Dancing du Mirano par exemple, qui veut qu'on intègre des morceaux de rock en plein set électro ou house?
Ben Biets: Pas vraiment. En tout cas, notre public n 'est pas tellement demandeur.
Comment s'est fait le choix des DJ's pour cet anniversaire du Café d'Anvers?
Ben Biets: C'est un mélange de DJ's déjà venus chez nous et de DJ's qui jouent pour la 1ère fois ici. Ces DJ's font à 90% de la house, mais il y a aussi du garage et de la techno minimale. Faut aussi dire que des DJ's n'étaient pas libres pour être bookés ce mois-ci...
Il y aura pléthore de DJ's, dans la salle principale et au Balcon (plus pour les Belges)! On parle de Cajmere, Slam, Funk D'Void... Les conseils du patron?
Ben Biets: C'est pas le boss qui parle; c'est perso, ici. J'adore l'Allemand Steve Bug et l'Anglo-Chilien Luciano. Je crois que le 1er octobre est une grande soirée. Sans parler d'un nouveau venu qui fera parler de lui, le Canadien Mathew Jonson, qui est signé sur le label de Richie Hawtin et qui fait de la house minimale. Le 23 octobre, aussi, il y aura Josh Wink, Acquaviva et le grand King Britt que j'avais été le premier à inviter en 2001! Que du bonheur.
Le Café d'Anvers va profiter de son anniversaire pour un peu se relifter?
Ben Biets: Oui, on a fait des travaux au niveau du bar de derrière et au niveau des toilettes des filles. Et on a aussi un concept qui est de mettre un artiste en avant grâce à une expo, de lui faire faire des t-shirts et de vendre ces t-shirts pour des oeuvres, par exemple, la recherche sur le Sida.