Après 'Regarde comment', 'Faut pas confondre', tu prépares la suite d'une phrase avec ton prochain opus? Par exemple, 'Regarde comment faut pas confondre le bien et le mal'?
Pitcho (Laurent Womba Conga): (rires) Non, l'album 'Regarde comment' exprimait l'idée que les personnes ont toujours besoin qu'on reconnaisse leurs capacités et leurs manières de faire. Regarde comment je toaste, regarde comment j'écris, etc. 'Faut pas confondre' exprime l'idée qu'il ne faut pas me confondre avec d'autres artistes de rap ou bien me transformer en la relève de Starflam, en tant que 'le seul rappeur belge'...
Tu as l'impression qu'on noie la différence dans la masse à notre époque, surtout dans les media?
Pitcho: Je ne veux pas être différent pour être différent. Ce serait ridicule. Mais je veux me différencier de la masse en exprimant ce qui sort naturellement de moi.
'Faut pas confondre' est aussi engagé que 'Bras en l'air, poing fermé' que tu avais chanté en concert, le 1er mai, à Bruxelles?
Pitcho: Mon style d'écriture mélange l'engagement social, la description de la vie du 10-30 (NDLR:Schaerbeek), la culture hip hop, mais aussi la nonchalance, la légèreté de vivre... Le EP est, en cela, la continuité de mon album et du maxi, sauf au niveau des beats de Simon le Saint, qui sont plus 'fresh' et plus homogènes.
Toi qui es d'origine congolaise, que penses-tu de l'exposition actuelle au Musée Royal de l'Afrique Centrale de Tervuren, autour de la colonisation belge du Congo?
Pitcho: J'ai participé à cette expo en répondant à une interview filmée qui est diffusée dans la salle-vidéo. Je trouve ce projet très important, même si le passé est le passé. Il faut reconnaître les horreurs perpétrées à l'époque coloniale sinon elles se répéteront ou pourriront le présent, mais surtout il faut préparer un meilleur avenir pour l'Afrique. Il faut savoir que l'indépendance du Congo est une franche connerie. Que nous restons dépendants économiquement et surtout mentalement. Les Africains ont été habitués à être assistés et ils demandent que cela continue, tout en se victimisant...
Toutefois, l'Afrique de l'Ouest, elle, se porte bien culturellement. Le grand metteur en scène américain Peter Brook a monté la pièce 'Tierno Bokar' du malien Amadou Hampâté Bâ. Et tu joues dedans!
Pitcho: Oui, tout a commencé aux Bouffes du Nord à Paris. J'ai été sélectionné avec d'autres artistes comme Sotigui Kouyaté, Rachid Djaïdani qui a écrit 'BoumKoeur', Tony Mpoudja qui a joué dans 'La squale', etc. Tous des non-professionnels, que j'ai plaisir à côtoyer durant la tournée internationale. Mais ce qui m'a aidé à affronter un public pointu, c'est mon expérience de la scène.
Etant resté à Paris plusieurs mois pour cette pièce, comment vois-tu la scène hip hop parisienne par rapport à celle de Bruxelles?
Pitcho: Je trouve Bruxelles encore à la traîne pour une question d'état d'esprit. A Paris, les jeunes se cassent la tête pour sortir un disque. Ils ont 'faim'.Ici, on attend trop l'argent des institutions belges. D'un autre côté, on n'est pas toujours suivi par les media.