Quand on vous a proposé le rôle, ne vous êtes-vous pas dit " Encore un flic!"?
C'est vrai que je me retrouve souvent dans des films policiers et quand c'est le cas, il n'y a pas beaucoup de choix. Vous pouvez être le "Good guy" ou le "Bad guy" et quand vous êtes le gentil, il y a des chances que vous soyez un membre de la police. Agent du FBI, flic de rue, commandant de SWAT, détective privé et autres... Citez-les, je suis certain de l'avoir déjà fait! Mais il ne faut pas oublier qu'il ne s'agit que d'une profession; cette personne a une famille, une histoire, une vie! C'est tout cela qui crée vraiment le personnage.
Alors, comment vous y êtes-vous pris?
J'ai passé beaucoup de temps avec Calvin Hart, le policier qui a inspiré mon personnage. Je me suis rendu dans le New Jersey, je passais du temps dans des quartiers défavorisés, j'accompagnais les flics dans leurs patrouilles, je regardais comment ils s'y prenaient pour communiquer avec les gens de ces quartiers sociaux,...et le reste est pure création!
Le film a été tourné sur place?
Le réalisateur, Joe Roth et les producteurs ont rencontré les résidents de Mulford Gardens et ont obtenu leur accord. Par la suite, une cinquantaine de personnes ont participé au film en tant que figurants, d'autres ont loué des pièces de leur appartement aux compagnies de production; cette communauté s'est vraiment investie dans le film comme s'il s'agissait de sa propre histoire et, en quelque sorte, elle a raison.
Vous considérez-vous comme un modèle pour les Afro-américains?
Je l'ai entendu dire plus d'une fois mais ce n'est pas quelque chose que j'essaye d'accomplir consciemment. Je suis juste un mec qui a la chance de réussir dans ce qu'il fait. Les gens en viennent toujours à me parler de l'image des rôles que j'interprète à l'écran, mais ce n'est pas le modèle de ma vie de tous les jours! Mon idéal est de travailler dur, d'être perfectionniste, de croire en l'éducation et à la poursuite d'études universitaires comme je l'ai fait; ma fille vient d'ailleurs d'être diplômée elle aussi. Je suis marié depuis trente-cinq ans, je paye mes taxes, je n'ai jamais été en prison,...
Mais vous avez aussi cette image d'homme cruel...
Des personnages tels que Jules ('Pulp Fiction') ou John Shaft ('Shaft') qui sont cools et maîtres de la situation, sont souvent ceux qui restent gravés dans l'esprit des gens, surtout celui des jeunes. Mais si je suis capable d'interpréter un meurtrier, c'est simplement parce que ça n'a rien à voir avec qui je suis vraiment! C'est mon envie de créer, faire quelque chose de différent; être quelqu'un d'autre. Si certaines personnes ne sont pas capables de différencier la réalité de la fiction, je peux vous dire qu'à ce moment-là, elles ont d'autres problèmes beaucoup plus importants à régler... La plupart des gens que je rencontre savent que ma profession n'est pas celle de tueur à gages. Du moins j'espère! (rires)
