Est-ce que c’est chouette, pour des acteurs, de jouer dans un film mêlant comédie et action comme celui-ci?
Denzel Washington: Après un drame comme Flight, tout ce qui suit est chouette. J’avais pris la résolution de faire quelque chose de plus léger, histoire de me faire plus plaisir en jouant. Quand j’ai appris que j’allais travailler avec Mark Wahlberg, je me suis dit: “C’est le gars qui a joué avec Will Ferrell dans The Other Guys. Ca me tenterait bien de bosser avec lui.”
Vous avez dû assurer beaucoup de cascades?
Mark Wahlberg: Non, pas tant que ça. Mais on a fait tout ce qu’ils nous demandaient par contre. Et Denzel en a assuré plus que moi. Je me souviens de cette scène où nous traversons le Rio Grande avec d’autres gars. Mais dans le groupe, il y a un type qui ne sait pas nager et Denzel saute à nouveau à l’eau pour le sauver. C’était plutôt impressionnant quand on sait combien le courant est fort à cet endroit. Heureusement, je n’ai pas dû le faire. Je me suis tenu très sagement à une corde, montrant l’exemple. Mais nous avons fait toutes les cascades que la production attendait de nous. Je ne fais vraiment pas partie de ces gars qui insistent pour faire leurs propres cascades. Pas à mon âge et avec quatre jeunes enfants à la maison. Honnêtement, je préfère jouer la carte de la prudence. Mes années d’adrénaline sont loin derrière moi.
En quoi les buddies de 2 Guns sont différents des buddies des autres buddy movies?
Denzel: Un élément important tient au fait qu’ils sont tous les deux des agents infiltrés mais qu’ils ne le savent pas. Je crois que ça les rend uniques.
Ce qui est marquant aussi c’est que ce sont deux solides mâles alpha. Vous l’étiez aussi sur le tournage?
Mark: Quand je suis en compagnie de monsieur Washington, je sais très bien comment me tenir. Mais j’ai fait de mon mieux pour aller le plus loin possible dans mon statut d’alpha. Sur papier, ces personnages étaient très intéressants, mais nous avons quand même pu y ajouter des choses pour les rendre encore plus intéressants. Pour moi, c’était déjà très chouette de me trouver face à Denzel. Parce qu’avec lui on sait directement quand on doit en faire plus ou moins.
Denzel: Mark a été attentif à mon grand âge (rit). En fait, c’était vachement facile. Lorsque j’ai lu le script, j’ai trouvé que tout était foireux, de la manière la plus positive qui soit. Je me suis dit: “Je ne peux pas laisser passer ça.” Disons que ça a rendu les choses bien plus faciles.
Mark: Nous avons surtout essayé de faire autre chose, et de manière intéressante. Nous devions nous saisir de ces personnages.
Comment est née votre relation ? Comment a-t-elle pris forme ?
Denzel: Oh, on sait très bien qui nous plaît ou non. C’est comme ça que tout démarre. Dès le premier jour, vous commencez à travailler avec votre partenaire, les premiers dialogues de la première scène, et vous essayez de trouver de points de jonction pour une bonne relation de travail. Mais même avant tout ça, je trouvais déjà que Mark, en plus d’être un excellent acteur, était un chouette gars. Avant même que je n’apprenne à le connaître, je pensais déjà que c’était quelqu’un avec qui j’allais bien m’entendre. Et je ne m’étais pas trompé.
Mark: Tu n’avais encore jamais dit ça à mon sujet. En tout cas pas en la présence d’un journaliste. Ca me fait très plaisir. Parce que ça fait très longtemps que je suis un grand fan de Denzel. C’était une chance incroyable de pouvoir travailler avec quelqu’un possédant son calibre et son talent. D’autant qu’en plus de cela, il m’a encouragé à essayer des choses. Du coup, je me suis senti très détendu en sa compagnie. Mais nous n’avons pas non plus eu besoin de passer des semaines ensemble pour nous donner ce sentiment de ‘buddies’ ou pour apprendre à mieux se connaître. Nous sommes tous les deux des professionnels. Nous venons sur le plateau, faisons ce que nous avons à faire, et c’est bon.
Denzel: Si nous avions passé quelques semaines ensemble en forêt, ça aurait donné un tout autre film (rit).
Mark: Ca c’est pour la suite. Voyons d’abord si le premier film marche.
Est-ce qu’il arrive que vous vous trouviez face à un script qui soit contraire à ce en quoi vous croyez ou à votre vision de la vie?
Denzel: Certainement. Dans le script de Training Day, mon personnage, une vraie crapule, devait mourir. Car le prix à payer pour tous ses péchés était la mort. La seule manière de justifier l’horreur de sa vie était à travers une mort atroce. Mais je trouvais que simplement mourir, ce n’était pas assez. Ca me gênait. Je trouvais qu’il devait affronter le pire. Je voulais que ses propres hommes se retournent contre lui. Je voulais qu’il rampe comme un serpent agonisant. Et c’est comme ça que les choses se sont terminées. Ca a fait de moi un homme satisfait.
Mark: Il m’arrive aussi d’avoir des problèmes avec certaines choses lorsque je lis des scripts. Je suis un brave père de quatre enfants, qui voient les conséquences des décisions de leur père. Mais d’un autre côté, j’espère que Dieu aime les films, car je refuse tout compromis quant à mon intégrité artistique. Je veux faire toutes les choses qui me passionnent. Ce qui me pose un problème et que je n’ai vraiment pas envie de tourner, ce sont des films romantiques et les films dans lesquels je me retrouve dans des situations intimes avec des femmes. Je ne pense pas que cela plaise outre mesure à mon épouse, et je n’apprécierais pas non plus si ma femme jouait dans un film de ce genre.
Denzel: J’aurais dû avoir une discussion avec toi avant de faire Flight (rit). Mais je n’ai jamais touché ma collaboratrice (nue). Dans le film, tout ce qu’on voit c’est qu’elle passe devant moi.
Mark:: Mmm… C’est toi qui avais le final cut ou c’était Zemeckis?
Denzel, c’est votre première comédie en dix ans. Est-ce que en dix ans vous n’avez pas vu passer de bons scripts de comédie?
Denzel: Je ne suis même pas sûr que 2 Guns soit une vraie comédie. Je l’ai juste trouvé très drôle en lisant le script. Mais on ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup de moments hilarants dans l’histoire. Mais je voulais absolument le faire avec quelqu’un possédant bien plus d’expérience de la comédie que moi. Avec Mark donc. Il sait bien mieux quels sont les rouages d’une comédie. Peut-être que ce film va m’ouvrir de nouvelles portes.
Mark: A aucun moment nous n’avons joué de manière comique. Nous avons fait les choses de la manière la plus réaliste possible. L’humour vient surtout des situations totalement ridicules dans lesquelles nos personnages se retrouvent.
Denzel: Mon fils pensait que Training Day était une comédie (rit). Vraiment. Il m’a dit : « Papa, tu étais tellement drôle dans ce film. » L’humour est bien souvent la conséquence d’une situation dans laquelle personne n’essaye d’être drôle.