Kim Chapiron, un parcours de Kourtrajmé à HEC - Actu Cinema

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Son cinéma est souvent radical, intuitif et insolent. Drôle aussi. Kim Chapiron tourne des films depuis ses 14 ans et incarne à merveille le cinéaste créatif et débrouillard qui sait décortiquer les travers de son époque. Après les terribles Sheitan et Dog Pound, deux réalisations qui avaient marqué les esprits, il récidive avec La Crème de la Crème. Cette comédie dramatique grinçante raconte les déboires d'étudiants en HEC, qui montent un trafic de prostitution au sein de leur école pour s’entraîner aux lois du marché. L'occasion de revenir sur la carrière d'un réalisateur qui a plein de choses à dire et qui n'a pas attendu qu'on lui donne la parole pour le faire.

34 ans, un sourire malicieux, une longue queue de cheval et une dégaine de séducteur (surtout lorsqu'il enfile ses lunettes de chargé de com) : Kim Chapiron fait figure de cinéaste passionné et épanoui. Et pour cause, il a passé plus de la moitié de sa vie derrière une caméra. Avec son ami d'enfance, Romain Gavras (le fils de Costa Gavras), il fonde le collectif Kourtrajmé et réalise ses premiers courts-métrages à 14 ans.

Fils de Kiki Picasso, un graphiste punk et avant-gardiste, il gravite lui-même autour de la sphère hip hop au coté de Vincent Cassel et de son frère Mathias (plus connu sous le nom de Rock'in Squat, du groupe de rap Assassin). Il grandira dans le même immeuble que Mathieu Kassovitz dont la première réalisation, Métisse, constituera pour lui un choc cinématographique. Issu de la génération "La Haine", Kim Chapiron sait parler de la violence, des fractures sociales et de la délinquance sous toutes ses formes.

C'est dans ce contexte particulier et électrique que naissent ses premiers ovnis cinématographiques comme Paradoxe Perdu et Psycho Negro, tournés avec la caméra du frère de Romain Gavras, des potes et surtout beaucoup d'idées folles. Le collectif Kourtrajmé fait très vite parler de lui par son atmosphère hystérique, ses situations absurdes et ses grimaces en tout genre. A terme, Kim Chapiron (tout comme Romain Gavras de son côté) sera amené à réaliser des clips pour Oxmo Puccino, La Caution et plus récemment Rock In Squat.

En produisant son premier film, Sheitan, Vincent Cassel donne l'occasion à Kim, alors agé de 26 ans ans, de s'essayer aux longs-métrages. Mais qui dit long ne veut pas dire sage. Sheitan, qui veut dire Satan en arabe, est un véritable condensé de trash bête et méchant, dans lequel des citadins pas très fins se font étriper par un Vincent Cassel diabolique et son armée de consanguins sanguinaires. A travers ce choc des cultures sans concession avec Leila Becti dans son premier rôle et une tripoté d'artistes hip hop en guest star, Kim Chapiron affirme son style provocateur et libéré.

S'il réalise des fims, "c'est avant tout pour créer une émotion, forte auprès du spectateur, même si elle est négative" déclare t-il à Thierry Ardisson en 2006. Il veut à tout prix éviter une attitude indifférente face à ses films et c'est réussi puisque beaucoup de personnes sortiront de la salle devant Sheitan alors que d'autres riront aux larmes. À l'image des films de genre (horreur, fantastique, arts-martiaux) qui le marquent depuis son adolescence il façonne des images qui dérangent et qui choquent, comme pour réveiller de force un cinéma français assagi et paresseux.

Avec Dog Pound en 2010, il ne rigole plus du tout et abandonne l'esthétique "film amateur", même s'il reste radical et jusu'au-boutiste. Ce film coup de poing est une immersion dans la vie des milieux carcéraux américains pour jeunes adultes. Avec ce nouveau film plus ambitieux et plus coûteux, Kim Chapiron montre les crocs et prouve qu'il est un réalisateur corrosif. "La rébellion est quelque chose de très sain" déclare t)il en 2010, même s'il regrette que les militants de sa génération ne soient pas réuni autour d'un grand combat fédérateur. Seulement voilà, l'ennemi serait selon lui "plus difficile à définir qu'auparavant".

Cet ennemi diffus et pourtant omniprésent, c'est le capitalisme sauvage, qu'il pastiche dans La Crème de la Crème grace à son cortège de délinquants en cravates qui vont s'initier brillamment aux lois du marché en montant un réseau de prostitution au sein même de leur école de commerce. Satyre sociale de l'élite étudiante autant que comédie dramatique, cette nouvelle pellicule clôt son triptique centré sur la jeunesse. Des "bas quartier" jusqu'à l'"élite", Kim Chapiron aura tracé la voie d'un cinéma impertinent et aura suivi son propre chemin de réalisateur jusqu'à la crème de la crème du 7e art alternatif.

La Crème de la Crème, sortie le 2 avril, avec : Thomas Blumenthal, Alice Isaaz, Jean-Baptiste Lafarge...

 

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