Ne vous faites pas d'illusions. Lars von Trier est bien trop intelligent, érudit, de bon goût et intellectuel pour faire des films pornos. Mais il ne peut s'empêcher de provoquer et d'exploiter commercialement cette provocation.
La première partie - composée de cinq chapitres - de cette aventure de quatre heures portant sur le témoigange de Joe (Charlotte Gainsbourg), nymphomane, parle en réalité plus de pêche à la mouche, de l'esclavagisme de la femme, de l'infidélité comme moteur de comédie noire, de la mort et de Bach que de sympathiques rencontres sexuelles.
Von Trier est plus intéressé par la philosophie que par la chair. Ce qui mène directement au thème principal du film: le conflit entre le corps et l'intellect que l'on retrouve respectivement chez la femme et chez l'homme. Mais pour von Trier, provocation, flots d'images, dépassement des tabous et exploitation commerciale sont indissociables. Et oui, ici et là, on voit des corps nus, des hommes et des femmes, et des photos d'organes sexuels (la version 'en mouvement' sera visible dans la deuxième partie). Mais on pourrait plutôt parler d'anti-porno, car von Trier ne nous laisse aucunement l'occasion d'en profiter.
De plus, le film peut être vu comme soit très drôle, soit très déprimant. On pourrait donc considérer Nymph()maniac comme la vision de von Trier d'une très amère blague pour initiés sur le 'film de sexe ultime'.