Borgman démarre de manière diablement excitante: sortant littéralement de terre alors qu'il est recherché par un prêtre et des villageois lourdement armés, le Mal, dont Borgman est l'incarnation (inquiétant Jan Bijvoet), sonne de portes en porte dans un quartier huppé pour y trouver refuge.
Il réussit à imposer sa présence dans une famille aussi bourgeoise que dysfonctionelle. Le squatteur va prendre un malin plaisir à faire éclater les faux-semblant et à mettre en pièce tant l'environnement familial, ses valeurs... et ses membres.
L'ombre de Théorème de Pier Paolo Pasolini plane de manière pesante sur ce film et, à cette aune, ce diable de Borgman fait pâle figure. Certes, Alex van Warmerdam, le réalisateur, propose quelques fulgurances visuelles ahurissantes (comme ces deux corps, lestés par la tête, qui flottent grotesquement comme des algues au fond d'une rivière) et un humour froid qui fait parfois mouche. Mais alors que sa mise en place enthousiasmante laissait envisager une mise à sac virulente et décomplexée des valeurs bourgeoises modernes (le sexe, l'argent, la famille), le film patine et tourne en rond à force de faire semblant d'oser.