Un meurtre, deux acteurs fantastiques et du drame à profusion, voici les ingrédients de ce thriller, intéressant, mais manquant d'équilibre, qui joue avec le genre sans oser y aller à fond. Le premier long-métrage du réalisateur de télé Barnaby Southcombe, un Britannique, montre un amour immense pour le film noir et pour les personnages profondément blessés. Mais c'est justement là que se situe le problème. Fils de l'actrice Charlotte Rampling, femme intelligente s'il en est, Southcombe a été nourri au sens cinématographique et à la sensibilité en finesse. On se rend compte dès les premiers instants qu'il connaît à fond ses personnages. Cela aide évidemment quand vous pouvez donner à votre mère, une actrice habituée des personnages passablement troublés et complexes, le rôle d'une femme fatale plus âgée. Il s'est également assuré la présence de Gabriel Byrne, acteur irlandais souvent sous-estimé ('In Treatment'), dans le rôle d'un flic solitaire. Southcombe démarre en insistant fortement sur l'élément film-noir: impossible pour le spectateur de ne pas se sentir pris par le genre. Mais à mi-chemin, il torpille les clichés du genre en se concentrant sur la psyché des personnages. Ce qui mène à un dénouement plus proche du psychodrame que du film noir. Une fois le générique terminé, cela laisse un drôle de sentiment perturbant, où l'on ne sait jamais vraiment si Southcombe a voulu se jouer du genre ou si son inexpérience a donné lieu à un problème de ton et d'équilibre. Mais que cela ne gâche pas votre plaisir: ' I, Anna' est un drame de qualité, fabuleusement interprété.