It's a free world - Chronique Cinema

Le nouveau Ken Loach part d'une idée de mise en scène intéressante: aborder la thématique de la traite des êtres humains du point de vue de l'exploiteur. Ou plutôt, des exploiteuses puisque, seconde excellente idée, elles ont les traits de deux femmes dont l'instinct de survie va se transformer en une impitoyable ambition. Ken Loach va suivre le parcours de ces deux 'Madames tout le monde' anglaises qui, de victimes d'un système économique darwinien vont en devenir les sordides bénéficiaires en allant jusqu'au bout de sa logique prédatrice: le travailleur le plus docile et le moins cher est celui qui n'a pas le choix. Une logique qui fait des immigrés clandestins des proies idéales. Comme d'habitude, Loach s'arme d'une caméra hyper mobile, d'acteurs exceptionnels (soufflante Kierston Wareing qui porte le film sur ses frêles épaules) et de bonnes intentions pour proposer un film social au militantisme affiché. Malheureusement, le scénario, trop 'écrit' (la conclusion est peu crédible) et jouant exclusivement la carte du constat plutôt que de la réflexion, déforce le sujet. Restent deux formidables portraits de femmes dans un quotidien concurrentiel où l'on doit désapprendre la compassion si l'on souhaite s'enrichir.