Dans un village de montagne, les femmes décrètent la grève de l'amour pour exiger de leurs hommes qu'ils leur apportent l'eau : à travers la parabole de "La Source des femmes", Radu Mihaileanu dénonce la sécheresse des coeurs. Avant-dernier film en compétition pour la Palme d'or, présenté samedi à Cannes à la veille de la proclamation du palmarès, "La Source des femmes" s'attaque à trois symboles universels : l'accès à l'eau, la place des femmes et la liberté par le savoir.
Désespérée par la multiplication des fausses-couches dues aux chutes pendant la corvée d'eau sur des sentiers escarpés de pierres acérées, Leila (Leila Bekhti), l'étrangère venue du sud, lance la sédition pour faire bouger les hommes. Elle-même a perdu un bébé et sa belle-mère (Hiam Abbass) presse son fils de la répudier. Dans son combat, Leila trouve le soutien de son mari (Saleh Bakri), justement, qui lui a appris à lire et l'aide à fourbir ses arguments ; et celui de "Vieux Fusil" (Biyouna), la rebouteuse qui venge ainsi l'adolescente amoureuse qu'elle fut, mariée à 14 ans à un quadragénaire dur et violent. Loubna (Hafsia Herzi), qui rêvasse devant les séries mexicaines et se fait appeler Esmeralda, veut croire encore possible de contracter un mariage d'amour. Les visites régulières et rétribuées des touristes au village vont leur permettre de mettre en scène leurs revendications ; mais certaines en paient chèrement le prix à la maison, auprès d'époux violents.
"Quand j'ai trouvé le village au Maroc, l'eau arrivait depuis quatre ans. Avant, les femmes nous ont dit que la corvée d'eau durait quatre heures et que jamais un homme ne leur a proposé son aide", raconte Radu Mihaileanu. Soucieux d'associer la population de Warielt, à une heure au sud de Marrakech, le réalisateur a conduit tout un travail d'approche avec les villageois "pour prendre le temps de se connaître : pendant six mois, on s'est reniflé". "Les filles ont fait de véritables stages pour devenir de vraies filles du village", dit-il de ses actrices, toutes deux d'origine algérienne (ainsi que tunisienne pour Hafsia).
Filmé jusqu'en décembre 2010, le film apporte en même temps sur la Croisette un écho prémonitoire des bouleversements qui ont parcouru le Maghreb depuis six mois. "Ce film c'est une ode aux femmes : si seuls les hommes font la révolution, il n'y aura pas de démocratie", estime le réalisateur français dont le père, roumain, a fui la dictature de Ceaucescu. Il a voulu aborder ici les difficultés qui iront croissantes d'approvisionnement en eau dans le monde et "la sécheresse des coeurs" qui l'accompagne, insiste-t-il.
Pour Leila Bekhti, ce tournage "reste comme une leçon de vie : merci à Radu qui m'a fait grandir humainement", dit joliment la jeune femme qui se défend d'avoir tourné un film contre les hommes.
Hafsia Herzi, qui avait peur "de se trouver moche" dans ses hardes de paysanne berbère, a aimé elle aussi cette confrontation et s'y est retrouvée "comme à la maison", dans le village de sa mère en Algérie.
Leur fierté à tous est aussi d'avoir tenu leurs promesses : douze femmes de Warielt devaient monter samedi soir les fameuses marches, devant l'équipe. "On partait de très loin, elles n'avaient au départ ni passeport ni même papiers d'identité ; elles n'ont jamais quitté le village, ne sont jamais allées au cinéma", dit en souriant Radu Mihaileanu.
Ce sera aussi une première pour le réalisateur de "Vas, vis et deviens" et du "Concert". Pour la peine, il a convié son père de 90 ans à monter les marches avec lui.
Par Fabienne Bradfer
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