Année bissextile - Chronique Cinema

'Año bisiesto' est un produit de l'école alternative mexicaine, ce qui signifie pour le spectateur de devoir souvent lire entre les lignes. Et ce style colle parfaitement à cette histoire d'une extrême solitude. La protagoniste Laura sort à peine (la scène d'ouverture nous plonge dans son appartement sombre) et garde ses émotions pour elle. A sa famille, qui ne la contacte principalement que par téléphone, elle laisse percevoir qu'elle est heureuse et qu'elle mène une vie sociale épanouie. Mais en réalité, elle ne sort que pour faire ses courses et pendant le weekend elle se déniche un homme pour une partie de sexe sans intérêt. Entre les deux, elle se tapit secrètement (et parfois se masturbe) à l'écoute de ses voisins amoureux. En tant que portrait d'une femme isolée et profondément blasée, 'Año bisiesto' n'y va pas de main morte. Le film tire sa force de son style sans compromis mais aussi grâce à l'interprétation sans faille de Monica del Carmen, qui campe son personnage sans aucune forme de vanité. Le titre signifie aussi "année bissextile", en référence à la mort du père de Laura et très probablement aussi au traumatisme qu'elle a porté durant son adolescence. Sans en dire plus évidemment. (RN)