Enter the Void - Chronique Cinema

Il faut d'emblée reconnaître à Gaspar Noé d'être un réalisateur totalement atypique dans une production française doublement plombée par le formatage et l'auteurisme. Avec 'Enter the Void', Noé confirme sa proposition de cinéma: l'image comme unique support de narration, au détriment du scénario (anémique) et de l'émotion (exsangue). Sa relecture sous MDT du 'Livre des morts' tibétain dans l'ambiance d'un Tokyo sordide (sexe et dope à tous les étages) fait ressembler 'Enter the Void' à un remake halluciné de la scène finale de "2001, Odyssée de l'espace" qui durerait 2h30 et dont toute réflexion métaphysique serait évacuée au profit d'une expérience sensorielle pure. Et c'est là que le bât blesse. Car si le film fascine -voire ébloui- un temps par son brio visuel, la longueur de ce voyage psychédélique et la vacuité vertigineuse de son (non-)propos finit par transformer ses fulgurances en gimmicks répétitifs et prétentieux. 'Enter the Void' ne parle malheureusement qu'aux yeux...