Selon la mythologie nordique, chaque personne reçoit, au fil des différentes étapes de sa vie, des dons des trois « Nornes », ou déesses du destin. À l’aide de fils, elles tissent le cours de l’existence. Et cette vie est faite de hauts et de bas, en particulier durant l’adolescence. Dans Folktales, nous voyons comment plusieurs jeunes, au sein d’une folkehøgskole norvégienne, font face au passage à l’âge adulte et aux difficultés que ce processus implique.
Avec Folktales, les cinéastes Heidi Ewing et Rachel Grady livrent un documentaire centré sur le parcours de trois jeunes : Hege, Bjørn Tore et Romain. Tous trois luttent, pour diverses raisons, avec leur santé mentale. C’est pourquoi ils ont choisi de prendre une année sabbatique et de la passer à la Pasvik Folk High School, dans le nord de la Norvège. Là-bas, l’emploi du temps ne se compose pas tant de mathématiques ou de grammaire que de conduite de traîneaux à chiens et d’apprentissage de la survie dans la nature glaciale du Grand Nord. Peu à peu, les jeunes se retrouvent eux-mêmes à travers la nature et la vie qu’ils y mènent.
Dans Folktales, le duo, précédemment nommé aux Oscars pour le documentaire acclamé Jesus Camp, montre avec quelle intimité il est capable de raconter une histoire à la fois impressionnante et profondément touchante. En une heure et demie, ils dévoilent comment ces jeunes, contraints de grandir dans une époque marquée par les bouleversements et la pression, peuvent réellement s’épanouir au sein de la folkehøgskole et apprendre à créer des liens profonds et sincères entre eux, ainsi qu’avec les chiens dont ils prennent soin. Malgré leurs parcours différents et les difficultés qu’ils traversent, chacun trouve du réconfort auprès des huskies qui les accompagnent, dans la nature et dans la relation à l’autre. Grâce au lien étroit qu’ils nouent avec les chiens, ils apprennent la patience et l’on voit progressivement comment ils gagnent en assurance et parviennent à se détacher de la solitude de leur passé. Le traîneau à chiens devient ainsi la métaphore parfaite des chutes et des relèvements que chacun doit apprendre à traverser.
Par le biais de conversations intimes et de connexions profondes, Heidi Ewing et Rachel Grady ont créé un récit profondément réconfortant, tout en mettant en lumière l’importance des folkehøgskoler et la manière dont elles invitent à ralentir et à réfléchir à la vie. De façon remarquable, les différentes parties du récit sont reliées par des scènes d’intermède où apparaît un fil rouge physique, littéralement utilisé par les déesses du destin pour déterminer le cours de la vie. Les magnifiques images et la photographie, qui capturent les paysages enneigés, vierges et féeriques de la Norvège, offrent un écrin idéal à ce regard intime porté sur la vie de ces jeunes en quête de leur propre chemin authentique dans un monde en mutation fulgurante. Et comme le dit l’un des enseignants à la fin de l’année scolaire, ils espèrent que la folkehøgskole aura pu jouer le rôle des déesses du destin et offrir aux étudiants les dons nécessaires pour naviguer dans ce monde.
Folktales est actuellement à l’affiche. Découvrez ici la programmation dans la salle la plus proche de chez vous.
Écrit par Margot Maris