T’es-tu déjà demandé à quoi ressemblent tes insécurités ? Le réalisateur Paolo Genovese tente avec Follemente de donner une forme cinématographique à cette question. Nous suivons Lara, 32 ans (Pilar Fogliati), et Piero, 52 ans (Edoardo Leo), qui ont leur premier rendez-vous officiel dans l’appartement de Lara. À première vue, rien de particulier, mais au fil de leur conversation, tous leurs doutes, désirs et émotions inconscients sont visualisés à travers d’autres personnages constamment en conflit les uns avec les autres – à la manière de Vice-Versa (Inside Out, 2015, Pete Docter). Ainsi, l’intrigue du premier rendez-vous se transforme rapidement en un voyage introspectif pour Lara comme pour Piero – tous deux cherchant une manière de rompre avec leurs insécurités.
Retour aux sources
Plus l’industrie cinématographique progresse technologiquement, plus les films semblent chercher des récits uniques, parfois même complexes, pour se faire une place. C’est pourquoi il est rafraîchissant de se tourner vers un concept simple, qui nécessite peu de choses pour s’expliquer. Ce n’est pas inhabituel pour le réalisateur Paolo Genovese : avec un passé dans la publicité, il revient souvent à des récits plus conventionnels. Son film le plus connu, Perfetti Sconosciuti (Perfect Strangers, 2016), tourne autour d’une soirée entre amis durant laquelle chacun peut consulter librement le téléphone des autres, et avec Follemente, il frappe à nouveau dans la même veine.
Archétypes
Lara est une jeune femme souffrant de peur de l’engagement, qui en a secrètement assez d’être célibataire. Face à elle, Piero, l’homme plus âgé et plus conservateur, n’a derrière lui que des relations longues. Une dualité qui caractérise non seulement leurs conversations, mais aussi leurs pensées, donnant naissance à deux lignes narratives.
La ligne narrative interne est dominée par des voix intérieures : quatre personnages féminins du côté de Lara – Alfa la féministe (Claudia Pandolfi), Trilli la sensuelle (Emanuele Fanelli), Scheggia la rebelle (Maria Chiara Giannetta) et Guiletta la romantique (Vittoria Puccini). Du côté de Piero apparaissent les mêmes archétypes, mais avec d’autres noms : Professore (Marco Giallini), Valium (Rocco Papaleo), Eros (Maurizio Lastrico) et enfin Eros (Claudio Santamaria).
Tous possèdent des opinions divergentes sur l’amour et, par leurs discussions, ne facilitent pas la tâche de Lara et Piero lorsqu’il s’agit de se dévoiler.
Une ode à l’art de l’écriture
Le concept fonctionne – comme une publicité – particulièrement bien dans les premiers instants. Cependant, en raison de la durée relativement longue du film, la tension dramatique peine à maintenir pleinement cet effet puissant. Néanmoins, les dialogues sont très bien écrits, incisifs et drôles, surtout dans les échanges entre les voix intérieures. Le choix de laisser ces archétypes s’entrechoquer de manière authentique met en valeur l’écriture, souvent reléguée à l’arrière-plan dans d’autres films dominés par l’action.
De plus, les dialogues exploitent de manière positive toutes les possibilités d’une comédie romantique. En faisant constamment osciller les deux intrigues entre une bonne dose d’humour et un réalisme douloureux, le film parvient à offrir des conversations authentiques. Paolo Genovese s’éloigne délibérément des rencontres romantiques clichés et en souligne au contraire les moments d’embarras. Que ce soit à travers les silences ou les regards prolongés, Follemente parvient à montrer, de manière amusante et reconnaissable, la vulnérabilité du rendez-vous amoureux, subtilement glissée entre les lignes.
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