Le 24 septembre, les écrans belges accueilleront Un Monde merveilleux, premier long-métrage de Giulio Callegari, ancien auteur pour Canal+ qui s’essaie ici à la réalisation avec une audace certaine. Portée par Blanche Gardin, cette comédie dystopique se révèle à la fois caustique, féroce, tendre et amère.
Max, son héroïne, est une mère célibataire qui se bat pour protéger sa fille Paula. Dans ce futur proche, la société entière dépend de systèmes d’intelligence artificielle, omniprésents dans les foyers comme dans la vie sociale. Réfractaire à cette emprise numérique, Max tente de survivre en marge. Mais son plan pour détourner une IA de pointe va la plonger dans une cavale improbable, où elle devra se confronter à ce monde automatisé qui lui échappe.
À l’origine du film, une anecdote saisissante : un échange entre le réalisateur et Siri. Lorsque Callegari lâche en plaisantant « j’ai envie de me foutre en l’air », l’assistant vocal lui suggère froidement trois ponts à proximité. Ce décalage entre gravité humaine et réponse algorithmique, glaçante de neutralité, devient la graine de Un Monde merveilleux.
Blanche Gardin, fidèle à son humour noir et incisif, incarne une héroïne contradictoire, tour à tour cynique, fragile et combative. Face à elle, l’intelligence artificielle prend des allures de miroir implacable : elle souligne nos incohérences, nos lâchetés, et la tentation permanente de déléguer l’attention, le soin ou même l’éducation aux machines.
Avec ce premier film, Giulio Callegari choisit de ne pas céder aux codes de la science-fiction spectaculaire. Pas d’effets spéciaux tapageurs : il privilégie une mise en scène burlesque, presque artisanale, nourrie des influences de Chaplin ou Keaton. Mais derrière la légèreté comique, se dessine une réflexion amère sur la déshumanisation à l’œuvre dans nos sociétés connectées.
Entourée de Laly Mercier, Edouard Sulpice et Georgia Scalliet, Blanche Gardin signe une performance marquante dans une œuvre qui surprend autant qu’elle interroge. Un Monde merveilleux s’annonce comme une comédie de rentrée singulière : drôle, politique et profondément en phase avec nos inquiétudes contemporaines.