« Mets du son ! » crie un de tes amis du haut de l’échelle en métal de la piscine. Plusieurs têtes se tournent vers toi. En jetant un œil à la page « continuer » de ta playlist Spotify, tu sens que la sueur ne vient plus uniquement de la chaleur. Tu comprends vite que la musique de Slaughter to Prevail ou de Gestapo Knallmuzik ne va pas passer juste avant un petit barbecue convivial.
Mais là, tu te souviens qu’il existe pas mal de films avec des musiques signées par des compositeurs et artistes de haut niveau. Il ne te reste plus qu’à lancer le bon album.
Tu prends une grande gorgée de ton virgin mojito, tu croques dans un morceau de halloumi grillé, et pendant que le fromage grince entre tes dents, tu connectes ton téléphone à l’enceinte Bluetooth :
blip blip
… c’est parti !
Pour une pool party entre amis : la bande-son de « F1 »
Ce film d’action international avec Brad Pitt en tête d’affiche nous plonge dans l’univers tonitruant de la course automobile. La musique se doit donc d’être explosive. Ont participé à la bande-son : Doja Cat, Tate McRae, Ed Sheeran, Raye, Chris Stapleton, Tiësto et Obongjayar.
Hans Zimmer – aka Monsieur Épique – propose ici une partition instrumentale pleine de beats électro puissants, dans la veine de son travail pour le film de science-fiction Chappie (2015).
Comme toujours, il ne lésine pas sur la grandeur, mais veille à ne pas dominer l’écoute. Parfait pour flotter sur un matelas gonflable ou griller des brochettes avec une bière forte dans une main et une pince dans l’autre.
Old Man River, Mississippi : moiteur et malédictions
Encore plus torride : la bande originale du film d’horreur « Sinners ». Guitares blues et harmonicas nous replongent dans la chaleur étouffante du Mississippi des années 1930 – jusqu’à ce que des vampires s’en mêlent.
Le compositeur Ludwig Göransson (collaborateur de Christopher Nolan pour Tenet et Oppenheimer) mêle gospel, blues et musique romantique orchestrale. Des accords dissonants typiques du genre horrifique annoncent le pire.
La BO combine blues, gospel, folk irlandais, jazz et soul – en grande partie interprétés en live sur le plateau. La chanson-titre Dangerous est chantée par l’actrice Hailee Steinfeld : une sensualité diabolique s’en dégage.
Furie française au cœur du Mexique
Direction Mexico avec « Hola Frida », film d’animation sur la jeunesse de Frida Kahlo. Mariachis et guitares passionnées donnent vie à Mexico City grâce à la compositrice française Laetitia Pansanel-Garric.
Chef d’orchestre à l’Université Lyon 2 depuis 2013, elle s’est distinguée par ses musiques pour documentaires et courts-métrages. Avec la chanteuse française Olivia Ruiz, elles ont coécrit la chanson Hola Frida, enregistrée en français et en espagnol. Un mélange entre Le Festin (Ratatouille) et La Llorona (Coco), rafraîchissant comme une brise estivale.
Beach club en plein délire
Envie de folie ? Écoute la bande originale de « The Surfer », où un Nicolas Cage désorienté perd peu à peu ses affaires… et son identité. La musique reflète cette dérive : comme une hallucination due à une insolation.
François Tétaz (compositeur de Wolf Creek, collaborateur de Gotye) livre une partition complètement baroque. L’influence des westerns spaghetti se ressent dans Ayahuasca, tandis que The Brochure mêle guitare fado et clochettes de bar. Le tout donne envie de plonger dans un seau de crème après-soleil.
Hip-hop apocalyptique
Pour les plus curieux : « 28 Years Later », le nouveau film de Danny Boyle. La BO est signée Young Fathers, trio hip-hop écossais. Déjà présents dans T2 Trainspotting, ils peuvent ici se lâcher complètement.
Des chœurs pleins d’espoir succèdent à des beats angoissants. Boots évoque Come Out de Steve Reich, tandis que Causeway devient peu à peu une cascade sonore digne de Wagner. On y entend aussi des cornemuses longues et menaçantes.
Bis !
Trop neuf ou trop barré ? Tu peux toujours te rabattre sur la bande originale sensuelle de « Call Me By Your Name », entre piano moite de Ryuichi Sakamoto et chansons planantes de Sufjan Stevens.
Carter Burwell et sa BO pour « Three Billboards Outside Ebbing, Missouri » font aussi des merveilles pour recréer la chaleur tremblante au-dessus de l’asphalte. Et ne sous-estime jamais la puissance de Tom Holkenborg (Mad Max: Fury Road) : un cocktail entre percussions métal et cordes hollywoodiennes qui te transporte en plein désert apocalyptique.
Quoi que tu choisisses au bord de la piscine, souviens-toi que le cinéma déborde de créativité musicale. Le film ne se résume pas à des images : les compositeurs méritent tout autant notre attention.
Pour finir, une citation de Stanley Kubrick :
« Un film devrait ressembler davantage à de la musique qu'à une fiction. Il doit être une suite de humeurs et d’émotions. Le thème, l’émotion, le sens, tout cela vient après. »
?? Écoute ici la playlist Spotify complète !
Rédigé par le journaliste de Cinenews : Senne Cambré
Note : je fais une distinction entre une soundtrack et une score, ce qui peut être utile pour éviter toute confusion. La soundtrack regroupe toutes les musiques préexistantes utilisées dans le film – souvent des morceaux populaires –, tandis que la score désigne l’ensemble des compositions instrumentales créées spécifiquement pour le film par un compositeur. Cela dit, la frontière entre les deux est souvent très floue.