Avec Hard Truths, Marie Jean-Baptiste et Mike Leigh collaborent à nouveau pour la première fois depuis Secrets & Lies (1996). Cette fois, ils racontent l’histoire de Pantsy Deacon, une femme souffrant de dépression chronique depuis le décès de sa mère. Elle lutte contre une solitude indicible qu’elle extériorise en s’en prenant à sa famille et à son entourage. La seule personne qui semble s’inquiéter de son comportement est sa sœur Chantelle, interprétée par Michele Austin, qui tente de la soutenir du mieux qu’elle peut. Mais peut-on vraiment aider quelqu’un qui refuse l’aide ?
Des vérités difficiles
Le titre invite immédiatement à se poser des questions critiques sur Pantsy. Sa dépression chronique la rend constamment en colère, particulièrement envers son fils sans emploi, Moses (joué par Tuwaine Barret). Son mari Curtley (David Webber) subit également les conséquences de son amertume.
Peut-être que la première vérité difficile est que son insistance extrême pour que son fils trouve un emploi est une tentative inconsciente de raviver ses propres ambitions perdues. Mais pourquoi personne, à part nous spectateurs, n’entend-il son cri de détresse ?
Une prison mentale
Très vite, il devient clair que le film représente la prison mentale de Pantsy. Seule Chantelle s’efforce réellement d’intégrer sa sœur dans la chaleur de sa vie de famille, aux côtés de ses deux filles, Aleisha (Sophia Brown) et Kayla (Ani Nelson). Contrairement à Chantelle et Pantsy, ces deux sœurs partagent un lien affectueux et solide. Cette proximité confronte Pantsy à la joie qu’elle devrait ressentir, mais dont elle est privée.
Marie Jean-Baptiste est exceptionnelle
Cette confrontation constante met en lumière l’habileté de Mike Leigh à rendre un sujet spécifique universel. Son talent est amplifié par l’interprétation magistrale de Marie Jean-Baptiste. Elle comprend profondément l’incapacité de Pantsy à profiter de la vie, sans même en connaître la raison elle-même.
En explorant cette contradiction, Jean-Baptiste livre une performance d’une grande humanité. Certaines scènes deviennent presque insoutenables à regarder tant l’actrice s’investit pleinement dans son rôle. Elle expose avec fragilité et vulnérabilité toutes les émotions traversant son personnage.
Un chemin vers l’auto-pardon
Cependant, Hard Truths laisse le spectateur avec plus de questions que de réponses. Le film se termine sur une note ouverte, nous laissant dans l’incertitude quant à l’avenir de Pantsy. Se relèvera-t-elle un jour ? Peut-être est-ce précisément la réponse : sa douleur est si profonde qu’un bonheur complet semble hors de portée.
Malgré cette fin sombre, le film véhicule un message d’espoir. Mike Leigh adresse un geste de réconfort aux personnes vivant des expériences similaires à celles de Pantsy, en suggérant que la première étape est peut-être l’auto-pardon. Il rappelle que la dépression est un processus et qu’au milieu des ténèbres, il existe toujours une lueur d’espoir.
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