Dans Mr. K, un magicien cherche désespérément la sortie d’un hôtel qui refuse de le laisser partir. La réalisatrice et scénariste Tallulah Hazekamp Schwab plonge ainsi le spectateur dans un cauchemar surréaliste, étonnamment teinté d’humour. Brillant ou frustrant ? Tout dépend de votre propre envie de trouver une issue.
Mr. K (Crispin Glover) entre en titubant dans un hôtel reculé et délabré où une Barbara Sarafian à moitié aveugle l’accueille froidement. Elle le guide jusqu’à sa chambre à travers un labyrinthe de couloirs impossibles. Au matin, il découvre avec effroi qu’il ne peut plus en sortir. Plus il tente d’échapper à ce piège, plus l’hôtel et ses occupants resserrent leur emprise.
Un cauchemar kafkaïen et lovecraftien
Le dernier film de Tallulah Hazekamp Schwab s’enfonce dans un délire surréaliste qui rappelle les écrits de Franz Kafka et H.P. Lovecraft. À la fois étrange, drôle et déconcertant, l’expérience cinématographique laisse volontairement le spectateur désorienté.
Hôtel, trivago
Pourquoi Mr. K séjourne-t-il dans cet hôtel ? Mystère. Peut-être était-ce l’option la moins chère. Une chose est sûre : dès le premier regard sur sa façade délabrée, il devient évident que cet endroit n’augure rien de bon. Le design de production de Mr. K est à la fois magnifique et efficace.
À l’intérieur, le papier peint d’un vert sale se décolle tandis que l’eau suinte le long des murs. Barbara Sarafian, avec son regard perçant, toise Mr. K avant de le conduire à travers des couloirs où plane une atmosphère oppressante.
Une immersion sensorielle troublante
Sur le plan sonore, Mr. K s’avère une expérience déstabilisante. La musique excentrique de Stijn Cole oscille entre confusion et euphorie, tandis que des bruits dégoûtants et humides émanent des murs. Même la chaudière se joint au spectacle en bondissant bruyamment, donnant l’impression que l’hôtel prend vie.
Une micro-société absurde
Les habitants de l’hôtel ne sont pas en reste. Alors que Mr. K explore désespérément l’établissement, il croise des personnages singuliers dont l’absurdité frôle le comique. Pour eux, rien n’est anormal. Personne ne semble se souvenir d’avoir mis un pied dehors.
Mais la dérive du film dans cette étrangeté finit par lui nuire. Quand Glover se retrouve poursuivi par une fanfare sortant de minuscules trappes secrètes, on sent que l’objectif est d’ébranler le spectateur. Une métaphore de la société, de ses spécialisations extrêmes et de son esprit grégaire ? Peut-être. Mais le film ne cherche jamais à clarifier son propos.
Glover, ciment de l’absurde
Mr. K semble sans cesse pointer vers une signification plus profonde, mais s’emmêle dans son propre délire. Le message du film reste, au mieux, nébuleux.
Cela donne lieu à des théories farfelues sur la plateforme Letterboxd : Mr. K parlerait-il d’un spermatozoïde ? Cela peut sembler tiré par les cheveux, mais la présence récurrente d’œufs et de tentacules carnés évoque des images de naissance et de gestation.
Heureusement, dans ce chaos, Crispin Glover brille par son interprétation. Il passe de la confusion à l’acceptation, puis sombre dans le désespoir. Comme lorsqu’il tente vainement de recoller un morceau de papier peint, Glover tente désespérément de maintenir le film en un seul morceau. Lorsqu’il crie, le public a envie de crier avec lui, ne serait-ce que par frustration.
Ne vous attendez pas à une conclusion : il n’y en a pas. Mr. K laisse chacun y voir ce qu’il veut. Est-ce une œuvre volontairement absurde ou un véritable message caché ? La réalisatrice laisse le choix au spectateur.
Cinenews - Senne Cambré