Une amitié toxique, une relation toxique et une communauté toxique. En trois parties, Kinds of Kindness montre comment la gentillesse peut déraper lorsqu'elle est accompagnée de circonstances absurdes et d'un désir frustré de libre arbitre. Le titre du film est aussi intrigant que le film lui-même, rempli de satire noire et d'images explicites.
Un film, trois histoires
Ce qui frappe immédiatement, c'est l'approche non conventionnelle du film. Il est divisé en trois courts récits indépendants. Dans "La mort de R.M.F", l'homme d'affaires Robert (Jesse Plemons) tente de se libérer de l'emprise manipulatrice de son patron (et amant) Raymond (Willem Dafoe). Lorsque Robert pense avoir retrouvé sa liberté, sa vie prend un tournant sombre. Dans "R.M.F vole", un policier est tourmenté par la disparition de sa femme Liz (Emma Stone). Lorsqu'elle est retrouvée, il soupçonne qu'elle n'est pas vraiment sa femme. Dans "R.M.F mange un sandwich", deux membres d'une secte cherchent quelqu'un capable de ressusciter les morts. Après une recherche infructueuse, ils semblent enfin avoir trouvé la personne idéale, jusqu'à ce qu'un événement fatal vienne tout gâcher.
Bien que le mystérieux R.M.F apparaisse dans chaque titre, il n'est en fait qu'un métapersonnage servant de tremplin pour donner une certaine continuité aux trois histoires. À part le fait qu'il apprécie son sandwich (et qu'il ne vole pas vraiment), il n'y a pas grand-chose à découvrir sur cet homme.
Types de manipulations
Les trois histoires sont remplies de satire sombre et de scènes surréalistes. Pour ceux qui trouvent cela attrayant, "Kinds of Kindness" sera un régal. Les personnes sensibles à l'horreur, à l'humour noir et au sang devraient s'abstenir : certaines scènes retournent l'estomac à plusieurs reprises. "Kinds of Kindness" navigue dans une atmosphère tendue à la "Leave The World Behind" (2023). Satire sociale rappelant "Triangle of Sadness" (2022), les personnages agissent de manière irrationnelle, mais les situations qu'ils traversent sont souvent reconnaissables.
Dans "Kinds of Kindness", chacun cherche un appui dans une vie où des tournants imprévisibles remettent en question l'idée de "libre arbitre". Les limites de l'amour sont également explorées, car bien que ce soit toujours l'objectif de tous les personnages, les fatalités de la vie font échouer cet objectif, transformant tout en un drame horrible. "Kinds of Kindness" traite principalement de "types de manipulations" : dans la première histoire, la manipulation au travail, dans la deuxième, dans une relation, et dans la troisième, dans la religion. La foi de chacun est mise à l'épreuve, et comme dans la vraie vie, le sens s'efface lorsque nous sommes confrontés à des énigmes insolubles. Ce film en est plein, poussant les personnages à perdre progressivement leur raison jusqu'à ce que la réalité devienne si futile qu'ils n'y prêtent plus attention.
Lanthimos x Stone
La bande-son, composée uniquement d'un piano fantomatique et d'un chœur dissonant, ajoute une couche supplémentaire aux aspects déjà inconfortables du film. Ce film suit de près "Poor Things" (2023) chef d'oeuvre du même réalisateur, qui dégageait également une atmosphère menaçante, devenue sa marque de fabrique. Une fois de plus, Yorgos Lanthimos a réuni un casting de stars dont son actrice favorite Emma Stone. Une forte alchimie semble s'être développée entre eux, leur collaboration donne toujours lieu à un fabuleux spectacle.
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Journalist : Joachim Ferrier