Journal de bord Cannes 2022 - jours 9 & 10 - Actu Cinema

   - 

La neuvième journée de ce festival est certainement, sur papier, l’une des plus excitantes. Au programme, le ELVIS de Baz Luhrmann, BROKER de Kore-eda, AS BESTAS de Rodrigo Sorogoyen et CLOSE de notre Lukas Dhont national.

 

Début de journée avec l’attendu ELVIS de l’autralien Baz Luhrmann qui n’avait plus rien fait depuis sont GATSBY LE MAGNIFIQUE, présenté en ouverture du Festival de Cannes en 2013. Le film, que vous pourrez découvrir dans les salles dès la fin juin, est un biopic somme toute assez classique, du début à la fin de la vie du King dans un ordre chronologique. La touche en plus ? La mise en scène, le style Baz Luhrmann. Malheureusement, pour peu que les films de sieur vous donnent de l’urticaire, la vision sera compliquée. C’est de trop, tout le temps, partout. De l’excès dans tous les sens. Des strass, des paillettes, de la musique lourde et aucun temps mort. Bref, on sort rincé de la projection tant c’est épuisant malgré le sens de la narration on ne peut plus basique et sans guère d’intérêt. Austin Butler livre une solide prestation d’Elvis Presley, surtout dans les parties chantées. Quant à Tom Hanks, qui incarne le colonel Parker, manager du King, il s’en sort moins bien que d’habitude. Il semble cabotiner et en faire de trop à l’instar de son metteur en scène. Bref, petite déception que ce ELVIS très plan-plan et dans les rails dans lesquels on l’attendait.

 

Après le cirque de Luhrmann, place à un de nos chouchous, le réalisateur japonais déjà palmé d’or Hirokazu Kore-eda qui venait présenter en compétition BROKER (LES BONNES ÉTOILES en français). Pour ce film, il est passé dans le pays d’à-côté, la Corée du Sud, grande terre de cinéma. Il a convié de grandes stars locales, comme Song Kang-oh (fidèle de Bong Joon-oh) et Bae Doo-na (SENSE8). Au programme, une nouvelle vision de la sphère familiale, éclatée comme toujours chez Kore-eda. Plutôt même est-il question de l’absence de famille et la construction d’une. Touchant comme toujours, Kore-eda n’a nul pareil pour aborder ces thématiques qui lui sont chères. Certes, on est habitué à son style, à sa façon de raconter des histoires et traiter des personnages mais ça fonctionne à chaque fois et BROKER ne fait pas exception. Le film est attendu dans nos salles en décembre prochain.

 

Rodrigo Sorogoyen est un des cinéastes espagnols les plus excitants de ces dernières années. Après QUE DIOS NOS PERDONE, EL REINO, MADRE et la super série ANTIDISTURBIOS voici AS BESTAS, présenté dans la section Cannes Premiere. AS BESTAS signe les débuts de Sorogoyen au festival de Cannes et de quelle façon ! Ce n’est sans doute pas du niveau de ses précédents films (qui sont tous à un niveau incroyable) mais des films comme AS BESTAS, on en veut bien plus souvent. Sorogoyen raconte l’histoire d’un couple de français, Antoine et Olga (interprétés par Denis Ménochet et Marina Foïs) qui s’est exilé en Galice. Malheureusement, ça ne va pas bien se passer avec leurs voisins, deux frères, suite à la non signature d’Antoine d’un projet éolien qui tient à cœur les locaux. Sorogoyen a le sens du drame, de la tension et de comment la faire monter petit à petit. C’est une horreur tant c’est brillant. AS BESTAS prend plus son temps (peut-être de trop ?) par rapport aux autres films de Sorogoyen mais quel tour de force cela donne !

 

Attention, voici un petit événement. Un petit choc ayant créé une déflagration sur la Croisette : CLOSE du belge Lukas Dhont. Après avoir remporté la Caméra d’Or pour GIRL, le gantois est de retour, promu en compétition, pour son second long-métrage. Son histoire d’amitié profonde entre deux jeunes ados a su toucher les cœurs de chacun. Dhont s’avère être un directeur d’acteur minutieux qui parvient à emmener ses comédiens dans leurs retranchements et faire passer énormément d’émotions. On ne vous en dira guère plus pour l’instant si ce n’est qu’il faudra absolument aller le voir à sa sortie, qui sera probablement aidée par un plus que certain prix au palmarès du festival.

 

Le jour suivant a été entamé par un autre film belge. Il s’agit cette fois de REBEL, le nouveau film d’Adil El Arbi et Bilall Fallah (aka Adil et Bilall), les réalisateurs de BLACK, BAD BOYS 3 et bientôt d’épisodes de la série MS MARVEL et du film BATGIRL. Entre Hollywood et la Belgique, leur cœur balance mais il ne choisit pas : ils font les 2. REBEL raconte une histoire de radicalisation, entre l’aîné d’une famille se battant en Syrie et le cadet qui est impressionné par les actions de son frère et commence à basculer du même côté. Au milieu, la mère tente de garder le cap et d’assurer la sécurité de son fiston. REBEL aborde un thème déjà maintes fois abordé mais il le fait avec dureté mais aussi une certaine poésie lors de séquences en mode clips vidéos déstabilisants mais pas inintéressants. Il est la démonstration que les deux compères ont du talent et peuvent passer avec facilité d’un gros blockbuster à un film plus sensible et fragile tout en lui infusant une certaine ampleur.

 

GOD’S CREATURES est une production A24 qui était présentée à la Quinzaine des réalisateurs. Cela se déroule dans un petit village irlandais qui vit de la pêche et de l’ostréiculture. Entre un champignon qui va mettre la production d’huitres à l’arrêt, les décès de marins et le retour d’un enfant du village, la période est compliquée pour ses habitants. Anna Rose Holmer et Saela Davis signent un premier film très fort et touchant qui fait la part belle à ses comédiens, Emily Watson, Aisling Franciosi et Paul Mescal (vu quelques jours auparavant dans le sublime AFTERSUN) en tête. Une jolie surprise, assez banale en apparence mais qui laisse une belle impression au final.

 

Après de nombreux films, voici enfin venu le temps de Kelly Reichardt en compétition cannoise. L’heureux élu était SHOWING UP dans lequel Michelle Williams tient le rôle principal. Elle y incarne une artiste dont on découvre le quotidien, de ses problèmes de chaudière à la préparation de son vernissage en passant par les tribulations de son chat et un pigeon. Le film prend son temps, Kelly Reichardt oblige mais, alors qu’il parait ne pas raconter des choses autres que des banalités, il fascine malgré tout. Sans atteindre les sommets de FIRST COW, SHOWING UP s’inscrit tout de même parfaitement dans la filmographie atypique de sa réalisatrice et, rien que pour cela, c’est à voir.

 

Enfin, place au dernier film de la compétition avant les rattrapages du lendemain, UN PETIT FRÈRE de Léonor Serraille. Comme Lukas Dhont, Serraille a également remporté la Caméra d’Or pour son premier film, JEUNE FEMME. Tout comme Dhont, la voici promue en compétition pour son second long-métrage. Malheureusement, l’enthousiasme présent pour JEUNE FEMME n’est pas réitéré ici. UN PETIT FRÈRE est un film peu intéressant à la trajectoire trop attendue. Ses décalages ne fonctionnent guère et ses personnages suscitent peu d’intérêt malheureusement. On avait envie d’aimer ce film mais, on passe.

 

Pour le dernier jour, avant le palmarès, place aux rattrapages de HOLY SPIDER, LES AMANDIERS et PACIFICTION qui n’ont pas pu être vus dans les temps malheureusement. Quoi qu’il en soit avec le palmarès, cette 75e édition du Festival de Cannes fut un bon cru. On reviendra.

 

 Avis

 Toute l'actualité cinema

Quentin Tarantino renonce à son dixième et dernier film - Actu
Actu

Quentin Tarantino renonce à son dixième et dernier film

Les films de Quentin Tarantino sont toujours pleins de surprises, et en voici une concernant "The Movie Critic" à laquelle nous ne nous attendions pas. Deadline révèle que Tarantino a renoncé à faire de ce film son dixième et dernier projet. Il a simplement changé d'avis, a-t-on appris auprès sur... Lire la suite...

Newsletter
Inscrivez-vous à notre newsletter: