On entame la journée avec le nouveau film de Mia Hansen-Løve. Elle est déjà de retour après avoir présenté BERGMAN ISLAND l’an dernier. Ce nouveau bébé s’intitule UN BEAU MATIN et est porté par Léa Seydoux, Nicole Garcia, Melvil Poupaud et Pascal Greggory. Il raconte l’histoire de Sandra, mère célibataire devant faire face à la santé de son père qui s’aggrave. En parallèle, un ami de longue date perdu de vue refait surface. S’il a plein de bonnes choses dedans, notamment une écriture bien ficelée, un joli casting ou encore des dialogues piquants, c’est tout de même compliqué de se farcir entièrement ce cinéma très parigot-artiste centré.
Direction la Semaine de la critique avec DALVA, premier film d’Emmanuelle Bicot. C’est l’histoire de la jeune Dalva qui vient d’être séparée de son père, accusé de kidnapping et inceste. Dalva ne comprend pas tant l’amour entre son père et elle est fusionnel et intense. Au foyer dans lequel on l’a placée, Dalva doit s’adapter à une nouvelle vie, une nouvelle réalité, hors des jougs de son père. La réalisatrice belge traite de l’inceste avec délicatesse, émotion et force ce qui fait d’ores et déjà de DALVA une excellente surprise et sensation de ce festival de Cannes.
Ensuite, ce fut le tour du nouveau film de Tarik Saleh, réalisateur du CAIRE CONFIDENTIEL et de THE CONTRACTOR (sorti le mois dernier sur Prime Video) : BOY FROM HEAVEN. L’égyptien aborde la thématique de la radicalisation au sein même de la plus prestigieuse école islamique. Il en fait un thriller au rythme soutenu qui nous emmène au cœur d’un monde inconnu pour le commun des mortels. Cela confère une certaine fraicheur au film qui, hors son aspect thriller, a le mérite d’être singulier. Surprenant, BOY FROM HEAVEN a les reins solides pour se retrouver au palmarès en fin de festival. Verdict la semaine prochaine !
Dominik Moll venait présenter LA NUIT DU 12 à Cannes Première, un film inspiré d’une affaire non résolue. A partir de ce moment-là, on peut éviter la frustration de savoir qu’on n’aura jamais l’issue de l’affaire. Porté par Bastien Bouillon et Bouli Lanners, le film étonne. Il traite d’un sujet dramatique, d’une affaire tout simplement horrible mais Moll insuffle pourtant un humour piquant très agréable. Cela permet de faire baisser la tension, de respirer. Ce mariage fonctionne parfaitement bien et fait de LA NUIT DU 12 une œuvre surprenante et diablement efficace.
Last but not least, Arnaud Desplechin est de retour en compétition avec FRÈRE ET SŒUR, qui met en scène Marion Cotillard et Melvil Poupaud (décidément, c’est sa journée), dans les rôles de frère et sœur (sans blague) ne se parlant plus depuis des années. Le film décortique leur relation, sans trop rentrer dans le détail des raisons de leur bisbrouille. Tout tient plutôt bien la route jusqu’au dernier tiers, explicatif. L’ensemble est trop extrême, radical, grand-guignolesque ce qui vient mettre des bâtons dans les roues d’une machine en apparence bien huilée. Poupaud est en roue libre totale, Cotillard semble perdue et le scénario est aux fraises, principalement dans son dernier acte, d’une déception immense. C’est toujours décevant quand Desplechin déçoit. Son cinéma fait plaisir et est ambitieux. Son regard toujours bienveillant, jamais dans le jugement. On espère le voir en meilleure forme prochainement.
