Grosse journée hier avec la vision de 5 films, une conférence de presse et plusieurs articles écrits (et quelques Spritz bus bien entendu). A 8h30, place à THE CARD COUNTER de Paul Schrader. Vous pouvez aller lire ici notre critique complète du film mais pour résumer, on peut dire que c’est du Schrader pur jus. Ambiance poisseuse, personnages très typés et problématiques, du mystère, des gens sur le qui-vive. Bref, les amateurs du scénariste de TAXI DRIVER retrouveront tout ce qu’ils aiment dans ses films. N’allez pas croire qu’il s’agit d’un divertissement sur les casinos, il n’en est rien. On est face à un vrai drame porté par un casting de luxe, jugez plutôt : Oscar Isaac, Tiffany Haddish, Tye Sheridan et Willem Dafoe, rien que ça. C’est un film solide qui se suit avec beaucoup de plaisir. Grand Schrader ? Sans doute pas, FIRST REFORMED était plus fort mais ça fait complètement le boulot.
Ensuite, c’était le tour de Paolo Sorrentino, le réalisateur italien le plus excitant de ces dernières années. Il venait présenter son film produit par Netflix, THE HAND OF GOD. L’œuvre est inspirée de la jeunesse de Sorrentino à Naples et convoque beaucoup de souvenirs personnels. On retrouve l’amour du cinéma, le football et plus particulièrement Diego Maradona (on est dans les années 80 et la star allait débarquer à Naples – le titre du film lui fait directement référence) et évidemment la famille et toutes les problématiques qui gravitent autour. C’est un film réussi mais un peu trop foutraque que pour arriver au niveau de certains de ses grands films comme IL DIVO, LA GRANDE BELLEZZA ou encore YOUTH. Cela dit, un Sorrentino mineur, c’est déjà très bien (sauf IL LORO).
Après un passage à la conférence de presse de THE CARD COUNTER, place à LAND OF DREAMS, un film étrange qui n’a pas vraiment convaincu. Il est question d’une entreprise qui désire connaître les rêves des gens. Une des employées, chargée de les récolter, en profite pour photographier les témoins et enregistrer des vidéos de ces témoignages. A côté de ça, un homme qu’elle vient à peine de rencontrer lui déclare déjà son amour. Si on disait que THE HAND OF GOD était foutraque, que dire de LAND OF DREAMS ? Les idées sont bonnes, il y a une super dynamique pendant une grande partie du film. Puis à la moitié, on part dans un délire un peu inexplicable qui dénote bien trop avec le reste. C’est très bordélique, pas très joli visuellement (quelle horrible photographie) et très perturbant. Le casting n’est pourtant pas mauvais. Dommage.
Avant-dernier film du jour, THE LOST DAUGHTER, la première réalisation en tant que réalisatrice de Maggie Gyllenhaal. On vous en dira plus demain, embargo oblige mais sachez déjà qu’il y a eu des surprises et du talent.
Enfin, ce fut le tour d’A PLEIN TEMPS, film français d’Eric Gravel dans lequel Laure Calamy, dernière lauréate en date du César de la meilleure actrice, interprète Julie, une mère de famille débordée. Elle habite loin de Paris alors qu’elle y travaille, c’est une semaine de grève, elle doit gérer ses enfants, doit passer un entretien d’embauche pendant ses heures de boulot toujours en tant de grève et sans risque de perdre son emploi. Bref, ce n’est pas la meilleure semaine de la vie de Julie. Le film est sous tension permanente, malheureusement appuyé par une musique électro superficielle. Il y a un grand talent de mise en scène, de construction de la tension, de la gestion des enjeux et, surtout, une grande Laure Calamy particulièrement touchante. Elle confirme de films en films les espoirs posés sur elle depuis les débuts de DIX POUR CENT. Avec A PLEIN TEMPS, elle signe enfin un grand rôle, encore meilleur que celui d’ANTOINETTE DANS LES CEVENNES qui lui avait pourtant valu son César. Des prestations comme celle-là, on en redemande, tout simplement.
