Ça y est. Il est là. Le Wes Anderson nouveau est arrivé. Un peu à l’image de BENEDETTA, THE FRENCH DISPATCH est un projet qu’on attendait déjà l’année dernière et qui, Wes Anderson oblige, s’est beaucoup fait désirer. En attendant sa sortie en octobre prochain, le film a été présenté cette semaine au Festival de Cannes en compétition. Alors ?
The French Dispatch met en scène un recueil d’histoires tirées du dernier numéro d’un magazine américain publié dans une ville française fictive du 20e siècle.
Wes Anderson a-t-il déjà réalisé un mauvais film ? Pas vraiment. Son univers singulier, sa palette chromatique pastel, ses cadrages très carrés et symétriques, ses personnages décalés, ses dialogues ou encore ses décors carton-pâte sont tant d’éléments tellement appréciés par les spectateurs que cela fait mouche à chaque fois, ou presque.
THE FRENCH DISPATCH coche toutes les cases cites ci-dessus à quelques exceptions près. Ici, les couleurs sont plus sombres qu’à l’accoutumée chez Anderson. Il y a une véritable noirceur qui n’était jusqu’ici pas présente dans le cinéma du maître, comme s’il embrassait plus la dramaturgie de certains segments. Car oui, THE FRENCH DISPATCH, film hommage à la presse (alors qu’il n’y a ni conférence de presse ni interviews à Cannes, cherchez l’erreur) est un long-métrage coupé en plusieurs segments différents, chaque fois centré sur un journaliste de la rédaction et une de ses enquêtes. Et si c’est une très bonne chose, c’est aussi là que réside le gros problème du film car, qui dit film à sketchs dit inégalités.
Qu’on se le dise, il y a des séquences absolument géniales dans tous les segments du film, même les moins bons. Malheureusement, la différence de qualité entre les bons et les moins bons est assez importante. Le segment se déroulant en prison et qui a Benicio Del Toro, Tilda Swinton, Adrien Brody ou encore Léa Seydoux au casting, est clairement le meilleur. Il est inventif, drôle, parfaitement rythmé, atypique etc. Le dernier segment, où il est question d’une enquête policière mettant en scène Jeffrey Wright, Mathieu Amalric et Edward Norton est un peu le contraire. Il a aussi des scènes drôles et ingénieuses mais le rythme ne fonctionne pas vraiment.
THE FRENCH DISPATCH est un star ensemble, un film dans lequel rayonne chacun des interprètes. On retrouve les grands habitués du cinéma de Wes Anderson comme Tilda Swinton, Adrien Brody, Owen Wilson, Willem Dafoe, Bill Murray ou encore Jason Swhartzman mais il accueille énormément de nouveaux comédiens dont Cécile de France, Timothée Chalamet, Guillaume Gallienne, Lyna Khoudri et Frances McDormand. Un sacré casting qui tient ses promesses.
Au final, si la joie de retrouver Wes Anderson et son cinéma est bien là, la satisfaction totale n’est pas là. Si le film tient ses promesses au départ, un ennui poli prend le pas ensuite ce qui fait que THE FRENCH DISPATCH est probablement un des moins bons films de Wes Anderson. Cela dit, un Wes Anderson mineur reste malgré tout un film à voir, ne fut-ce que pour le voyage, sa poésie, sa magie, sa folie.
