Déjà. On est déjà à mi-festival. Cette journée démarre tôt, comme tous les jours, avec une réalisation signée Regina King, actrice oscarisée pour IF BEALE STREET COULD TALK et qu’on a pu voir récemment dans la série WATCHMEN. ONE NIGHT IN MIAMI est son premier long-métrage de fiction, elle n’avait réalisé auparavant que des épisodes de séries et des téléfilms. Il s’agit ici d’une adaptation d’une pièce de théâtre de Kemp Powers (également scénariste et réalisateur – il est d’ailleurs co-réalisateur du prochain film Pixar SOUL) qui, comme son nom l’indique, se déroule lors d’une soirée dans un motel de Miami. Lors de celle-ci, on y retrouve Malcolm X, Cassius Clay (avant qu’il ne devienne Mohammed Ali), le footballeur Jim Brown et le chanteur Sam Cook. Cassius Clay vient de devenir champion du monde et les quatre amis se retrouvent pour profiter et discuter de différentes choses comme la future conversion à l’islam de Clay et surtout de la question raciale. Qui dit (presque) huis-clos dit évidemment beaucoup de dialogues. Le film est très verbeux et montre différents échanges, différentes joutes verbales. Celles-ci sont forcément inégales en fonction de leur sujet ou de la façon avec laquelle les présente Regina King. C’est dommage que ce soit inégal car il y a des moments vraiment excellents, comme la scène qui nous présente Jim Brown ou encore l’un des concerts de Sam Cook lors duquel Malcolm X était présent que Malcolm raconte durant la soirée. Les comédiens sont excellents et, pour la plupart, relativement inconnus mais on espère les voir gagner en popularité et les retrouver sur le grand écran. A noter tout de même la présence au casting de Leslie Odom Jr (Sam Cook dans le film), lauréat d’un Tony Award du meilleur acteur pour son rôle dans le comédie musicale HAMILTON, excusez du peu.
Après cette œuvre lourde de sens, place à autre film pas joyeux joyeux, le russe DEAR COMRADES d’Andrey Konchalovskiy. Le réalisateur de RUNAWAY TRAIN et TANGO & CASH présentait à Venise un film sur la dureté du régime communiste sous Khrouchtchev au début des année 60. C’est basé sur le tristement célèbre massacre de Novotcherkassk en juin 1962 où l’armée a tiré sur des travailleurs en grève. Vous découvrirez dans le film les détails de ce massacre et les zones d’ombre qu’il présente encore à ce jour mais sachez juste que ces événements ont été cachés à la population russe durant une quarantaine d’année car les témoins ont été sommés de signer un accord de confidentialité. On découvre cette histoire au travers du personnage de Liouda, membre de la locale du Parti Communiste qui n’aura pas de nouvelles de sa fille lors des événements et qui se mettra à sa recherche. Le format du film de Konchalovskiy pourrait en rebuter plus d’un. C’est filmé en noir et blanc avec une image carrée, tout ce qu’il y a de mieux pour repousser les plus réfractaires mais pour peu que vous vous laissiez tenter, vous pourrez être le témoin d’un pan de l’histoire soviétique soupçonné peut-être mais toujours méconnu.
Après les Etats-Unis et la Russie, place à la Côte d’Ivoire et LA NUIT DE ROIS de Philippe Lacôte. On est dans la Maca, une prison au milieu de la jungle dans laquelle vient de débarquer un jeune garçon. La spécificité de la prison est qu’elle est vraiment gérée par les détenus et le « gouverneur » est censé mourir dès qu’il n’est plus capable de faire son boulot. C’est évidemment le cas ici. Il est malade, sur le déclin. Sa rédemption peut venir grâce à la nuit de Roman. Roman, c’est le nom d’un détenu qui raconte des histoires aux prisonniers et il faut justement en choisir un nouveau. Ça tombe sur le nouveau venu. La Nuit de Roman va arriver lors de la lune rouge. Il doit raconter une histoire et, s’il la termine avant la fin de la nuit, il est ensuite exécuté mais ça, notre ami ne le sait évidemment pas. La prison et son environnement sont ce qu’il y a de plus intéressant. Malheureusement, l’histoire contée par Roman est d’un profond ennui, ce qui est dommage car il y avait là un fort potentiel, en termes narratifs mais aussi de mise en scène. Si on ajoute le jeu parfois approximatif de certains comédiens, on ne peut pas dire que LA NUIT DES ROIS soit une franche réussite.
Malheureusement, le dernier film du jour, LAïLA IN HAIFA ne relève pas le niveau. L’israélien Amo Gitaï propose une télénovela montrant la vie de plusieurs femmes dans la ville d’Haïfa mais à aucun moment l’intérêt ne vient. Les histoires sont écrites sur des post-it et sont d’une lourdeur hallucinante, les comédiens ne jouent pas très bien non plus et, niveau mise en scène, Gitaï est à la ramasse. Il nous avait habitué à mieux par le passé.
