On entre réellement dans le vif du sujet à présent. Le temps disponible pour écrire diminue alors que les projections s’enchainent et les interviews arrivent. Le premier weekend de la Mostra est toujours le plus chargé. Cette année de vache maigre ne fait pas exception à la règle, autant dire que pour garder le rythme il faut parfois s’accrocher.
Au vu des circonstances, on retrouve peu de films anglo-saxons à la Mostra cette année. Quelques-uns sont tout de même présents, c’est le cas de THE DUKE de Roger Michell. Il raconte l’histoire d’un homme qui va voler le portrait du Duc de Wellington peint par Goya afin de mettre en lumière ses revendications sociales, notamment l’exception de devoir payer une licence pour regarder la télévision pour les retraités (revendication qui deviendra réalité des décennies plus tard, en 2000). Jim Broadbent incarne ce pauvre homme un peu déluré qui va avoir bien du mal à se dépêtrer de cette histoire. Sa femme en a marre de ses actions et là, il a largement dépassé les bornes en volant un tableau à la National Gallery. Roger Michell livre un nouveau film très propre où rien ne dépasse. C’est très soigné, tant dans les décors que les costumes, rythmé et le trio de comédiens (Jim Broadbent, Helen Mirren et Fionn Whitehead dans le rôle du fils) est absolument délicieux. On tient enfin un film qui fait l’unanimité parmi les festivaliers. Bonne pioche pour le hors-compétition.
La journée s’est poursuivie avec la réalisation des interviews de Pierre Niney et Stacy Martin pour AMANTS et que vous pourrez retrouver prochainement sur Cinenews. Le petit retard pris à cause des interviews m’a empêché de découvrir le documentaire I AM GRETA qui a suivi la jeune Greta Thunberg ces dernières années. A la place, direction la conférence de presse de THE DUKE en présence de Roger Michell et Jim Broadbent.
Le film suivant, THE FURNACE, fait partie de la section Orizzonti, la seconde sélection de la Mostra. Il s’agit d’une espèce de western australien qui met au centre des lingots d’or marqué du sceau de la couronne qui vont être volés et qui vont arriver dans les mains d’Hanif, jeune arabe venu en Australie pour y être chamelier. Il met en scène la révélation égyptienne Ahmed Malek mais aussi David Wenham (plus connu pour son rôle de Faramir dans la saga du Seigneur des Anneaux) et enfin le lauréat du prix de la meilleure révélation lors de la Mostra 2018, Baykali Ganambarr (primé pour THE NIGHTINGALE). Le film, bien qu’un peu longuet, présente un portrait de l’Australie de la fin du XIXe siècle assez saisissant puisqu’il parle de nombreuses minorités que sont les aborigènes, les sikhs et musulmans dont l’héritage est encore visible dans l’Australie actuelle. Roderick Mackay signe un premier film visuellement fort faisant ainsi preuve d’une certaine maîtrise.
Enfin, la journée s’est clôturée par la vision du premier grand film de la compétition officielle : PIECES OF A WOMAN. Il s’agit du premier film en langue anglaise du cinéaste hongrois Kornél Mundruzcó. Il raconte le drame vécu par un jeune couple qui va se briser suite à cela. Mundruzcó explore l’âme et les relations humaines après d’intenses événements. On n’en dira pas plus concernant l’histoire mais disons tout de même qu’il s’ouvre avec une un véritable uppercut de 20 minutes d’une rare intensité. Cela met directement les spectateurs dans le bain et la mise en scène de Mundruzcó et le scénarion de Kata Wéber sont à féliciter.
Le casting est assez incroyable puisqu’on retrouve la vétéran Ellen Burstyn, Benny Safdie, Sarah Snook (dont la présence ravira les fans de la série SUCCESSION) et le trio de comédiens composés par Shia LaBeouf, Molly Parker et Vanessa Kirby dans le rôle principal. Tous sont parfaits, sans défauts mais il faut particulièrement mettre en avant la prestation de Kirby, absolument fantastique. Après ses rôles dans la saga MISSION IMPOSSIBLE ou encore HOBBS & SHAW, elle semble être partie pour atteindre des sommets.
