"Il Miracolo", série italienne, interroge notre rapport au surnaturel - Actu Cinema

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"Il Miracolo" (Le Miracle), première série créée, coécrite et coréalisée par le romancier italien Niccolò Ammaniti, diffusée à partir du 10 janvier sur Arte, interroge notre rapport au surnaturel, en surfant sur les genres. 

Quand le Premier ministre italien, incarné par Guido Caprino ("Les Médicis"), est appelé devant une madone en plastique "made in China" pleurant de véritables larmes de sang, une fois le doute dissipé, il comprend vite que rien ne sera plus jamais comme avant. Il est confronté à une "affaire plus grande que lui", commente Niccolo Ammaniti, "c'est quasiment l'histoire d'une conversion". De fait, chaque protagoniste est saisi par ce miracle dans les tréfonds de son être. D'autant qu'ils ont tous, fait valoir l'auteur, "quelque chose à se faire pardonner..." Comme ce prêtre dépravé, incarné avec maestria par le comédien italien Tommaso Ragno (prix d'interprétation au festival Séries Mania 2018). "Quand j'écris c'est comme dans un rêve, les contours des personnages ne sont pas précis", raconte-t-il, "c'est alors que les acteurs peuvent ajouter des choses aux êtres imaginaires". Niccolò Ammaniti a participé, en 2012, à l'adaptation au cinéma de son roman "Moi et toi" par Bernardo Bertolucci, dont ce fut le dernier film. Mais en tant qu'écrivain, il s'est toujours trouvé "plus proche" de la série parce qu'elle permet de "raconter aussi l'histoire de personnages secondaires qui, à (ses) yeux, ont autant d'importance que les principaux". L'auteur a réfuté l'idée d'une quelconque critique politique ou religieuse de l'Italie, soulignant que sa fiction pourrait se dérouler n'importe où ailleurs. "Il s'agit plutôt de résonances". Coproduite par Arte et Sky Italia, la série a déjà été diffusée en mai en Italie où elle a reçu "un bon accueil", selon lui, y compris dans "le monde catholique". "La science nous fournit des certitudes mais comment réagirions-nous face à la statue d'une vierge de deux kilos et demi et qui pleure 100 litres de sang par jour ?" C'est la question dominante que pose "Il Miracolo" (disponible en ligne dès le 3 janvier) tout en naviguant entre le thriller, le drame politico-psychologique et le fantastique. Le romancier avait cette idée de "miracle" en tête depuis longtemps. "Je me suis souvent demandé ce que ce phénomène déclencherait en moi. Peut-être que je ressentirais de la culpabilité ...", confie-t-il avant d'assurer n'avoir jamais eu aucun lien à l'église. D'ailleurs, toute sa famille est athée. "Mais j'ai toujours culpabilisé de ne pas avoir la foi et même éprouvé de la jalousie à l'égard des croyants." "Il y a le miracle lié à l'espoir, tel que celui accordé aux malades incurables (...) parce qu'ils ont la foi, grâce à la prière, par leur proximité avec Dieu, comme à Lourdes". Il a pourtant écarté ce type de miracle. Pour sa série, c'est un deuxième type de miracle qui l'a intéressé, "un peu plus étrange en quelque sorte païen", précise-t-il. "Le miracle diminue-t-il la puissance de Dieu ? Après avoir créé le monde et l'univers, Dieu a-t-il besoin de miracles pour asseoir sa puissance ? Le miracle n'est-il pas plutôt l'oeuvre d'un sorcier ? ", se plaît-il à questionner. Sur le tournage, la petite Vierge en plastique, - équipée d'un petit mécanisme motorisé pour que du sang sorte automatiquement de ses yeux -, avait été installée au fond d'une piscine vide. "Quand elle a pleuré pour la première fois, un silence singulier a pesé", se souvient-il, "j'ai compris alors que cette série était une nécessité". (Belga / Belga)

 

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