Quatre tranches de la vie de quatre femmes à des âges différents. La petite fille de la campagne prise dans une tragique partie de cache-cache. Une adolescente au triste foyer familial qui fugue et dérive d’homme en homme. La jeune fille qui monte à Paris et frôle la catastrophe. Une femme accomplie qui s’apprête à donner la vie et croyait être à l’abri de son passé.
Après l’excellent Age of uprising : The legend of Michael Kohlhaas Arnaud Des Pallières nous surprend avec un film au récit très singulier. Orpheline est une tentative de narration différente, innovante, qui s'appuie sur le spectateur pour recomposer les morceaux d’un puzzle proposé. Une trame particulière de l’histoire structure en effet ce récit qui relate quatre moments de la vie d’une femme à des âges différents, audacieusement interprétée par quatre comédiennes. Orpheline est aussi le fruit de la collaboration de deux regards, celui de Arnaud Des Pallières, co-scénariste et cinéaste, et Christelle Berthevas, scénariste déjà présente sur Michael Kohlhaas. Le film a remporté le Bayard d’or du meilleur film au Festival International du Film de Namur.
Christelle Berthevas a transformé en scénario un matériau autobiographique, convaincue par le cinéaste qui a insisté pour que son récit soit similaire à celui qu’il avait entendu à l’oral, lâché par « bribes ». C’est ce qui donne la structure éclatée du film en ces quatre moments de vie de quatre personnages féminins… qui n’en sont qu’un. L’originalité est aussi d’avoir fait appel à des actrices différentes qui ne se ressemblent pas. Chaque comédienne joue sa partition avec énergie et force et l’on ne peut que saluer les prestations d’Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot et Véga Cuzytek. Les quatre comédiennes ont d’ailleurs remporté le Bayard de la Meilleure comédienne ex-aequo au FIFF pour leur interprétation. On sent bien une écriture féminine derrière cette réalisation. Le cinéaste parvient au-delà de cela, à filmer ses personnages avec un vrai regard sensuel, presque féminin et à envisager cette histoire de manière forte et presque charnelle.
?C’est une vraie proposition de cinéma que réalise Arnaud Des Pallières dans ce film dont le récit est prêt à être reconstitué. Le film se heurte ici à son audace cinématographique qui implique de faire comprendre au spectateur que ces destins a priori détachés les uns des autres n’en forment qu'un. C’est à ce dernier de renouer les fils de l’histoire. Chacun appréhendera ce récit avec son propre esprit d’analyse et cela reste une démarche cinématographique innovante et intéressante.
Stéphanie Lannoy Madamefaitsoncinema.be
