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Le jeune Edward Snowden, informaticien hors-pair, réalise son rêve en intégrant les équipes de la CIA puis celles de la NSA. Il découvre l'étendue de la cyber-surveillance exercée par la NSA qui collecte des montagnes de données, en violant la constitution et les frontières. Il décide de rassembler des preuves et de tout divulguer. Devenant « lanceur d'alerte », il sacrifiera sa liberté et sa vie privée. En juin 2013, il fait appel à deux journalistes qui le rejoignent dans sa chambre d'hôtel à Hong Kong. Une course contre la montre s'engage pour vérifier les preuves irréfutables que présente Edward Snowden avant publication. C'est de cette chambre d'hôtel et de ses révélations qu'explosera le plus grand scandale d'espionnage de l'histoire des Etats-Unis.
Snowden, c'est la rencontre de deux grands hommes au cinéma. Oliver Stone (JFK, Platoon) a voulu comprendre qui était l'homme, qui en 2013, a décidé de révéler au monde le plus grand scandale d'espionnage qu'aient connu les Etats-Unis et de se sacrifier, si toutefois il en avait conscience... Il réalise ici le biopic d’Edward Snowden, célèbre lanceur d'alerte dont on connaît des bribes de l'histoire par les médias mais rarement les détails. Stone s'attache à replacer les faits dans leur contexte grâce à cette fiction où il prend clairement position pour son personnage principal, voire lui donne une tribune. Une fois de plus Oliver Stone s'attaque à un sujet polémique, dont l'actualité est brûlante, rappelons qu’Edward Snowden est toujours en exil en Russie où il a obtenu un droit de résidence pour 3 ans en 2014.
Le scénario est co-écrit par Kieran Fitsgerald (The Homesman de Tommy Lee Jones) avec qui il partage la vision de cette histoire comme d'un mythe antique : un homme ordinaire qui alerte l'humanité et déclenche la colère des dieux de la NSA et finira condamné au supplice... Le roman d'Anatoly Kucherena (Time of the Octopus, the story of fictional American) et le livre de Luke Harding (The Snowden Files: The Inside Story of the World's Most Wanted Man), ont fourni le canevas de l'histoire et surtout une grande aide pour établir le déroulement des faits. Plusieurs sources documentaires ont été utilisées, mais le plus grand apport au film a été celui d'Edward Snowden lui-même à travers ses rencontres successives à Moscou avec Oliver Stone, Kieran Fitsgerald puis Joseph Gordon Levitt.
Le film est un grand flash-back qui débute au moment où Snowden (Joseph Gordon Levitt, The walk de Robert Zemeckis) va rencontrer les journalistes Glenn Greenwald (Zachary Chinto, Star Treck de Justin Lin, la série Heroes de Gabriel Gray) et Laura Poitras (Melissa Léo, Prisonners de Denis Villeneuve), avant que les précieuses révélations ne soient divulguées, documents estimés à 20 000 au départ, le chiffre ayant été réévalué à 1,7 millions. Le récit est raconté du point de vue d’Edward Snowden. Le jeune homme va travailler pour un gouvernement américain qui prétend surveiller des parties du monde via le web pour la protection des Etats-Unis. Il va peu à peu se rendre compte que cette surveillance n'est pas pour protéger l'Amérique comme on le clame, mais pour collecter des données, y compris et surtout aux Etats-Unis.
Snowden est incarné par Joseph Gordon Levitt qui porte l'innocence sur son visage, un de ses collègues l'appelle d'ailleurs Snowhite, « Blanche-neige ». Citoyen normal, il forme avec sa compagne (Shaleine Woodley, Nos étoiles contraires de Josh Boone) un petit couple modèle et sans histoire. Patriote idéaliste, le jeune homme s'affronte régulièrement avec sa copine gauchiste et défend bec et ongle le gouvernement. Il va être entrainé dans une spirale où ses actes ne correspondront plus au bienfondé du monde et donc à son éthique. Le Flash-back se déroule parallèlement à la scène de tension de la chambre d'hôtel, lieu de réunion avec les journalistes où il faut en un temps record décider de publier en ayant vérifié les infos. On retrouve aussi Nicolas Cage, en prof de la NSA mis au placard, comme un clin d'oeil à la carrière de l'acteur, qui traîne dans une pièce archéologique entre la descendante de la machine Enigma et le premier téléphone rouge des USA, puni pour avoir voulu dénoncer.
Côté mise en scène, le film est plutôt classique, on en retiendra tout de même une impressionnante séquence. Edward et Corbin O'Brian (Rhys Ifans), directeur adjoint de la NSA, se parlent par appel vidéo dans une salle. La tête de Corbin est en gros plan, immense face à un petit Snowden debout qui le regarde de dos à droite de l'écran. Cette scène est impressionnante d'abord parce que Corbin regarde quasiment le spectateur et puis l'on sent que l'un pourrait facilement dévorer l'autre... Le cinéaste réalise aussi un final majestueux qui insuffle une force unique au film et le rend encore plus légitime.
Saluons le courage d'Oliver Stone qui s'embarque dans un projet tel que celui de défendre, puisqu'il s'agit bien de cela, le plus grand lanceur d'alerte de tous les temps aux Etats-Unis, avec la bénédiction de ce dernier. Il offre une nouvelle voix à son histoire et relaie son message. Grâce à cette fiction qui forcément en appelle à l'émotion de chacun, on comprend le sacrifice qu'a fait le jeune homme condamné à l'exil, pour prévenir le monde.
Stéphanie LANNOY – Madamefaitsoncinema.be
