Juste la fin du monde de Xavier Dolan : retour en enfer et abnégation - Actu Cinema

   - 

Louis, 34 ans, écrivain, revient voir sa famille après 12 ans d'absence pour annoncer sa mort prochaine.

 

Grand prix au Festival de Cannes 2016 ce superbe drame franco-canadien est l'adaptation de la pièce de théâtre homonyme de Jean-Luc Lagarce. Jeune prodige du cinéma, Xavier Dolan, 27 ans (Mommy : Prix du jury au Festival de Cannes 2014 ex aequo avec Adieu au Langage de Jean-Luc Godard), tourne au rythme d'un film par an et scénarise, monte et réalise une oeuvre urgente et sincère.

 

S'intéressant une fois de plus aux relations familiales complexes et parfois tordues, Xavier Dolan réussit une formidable mise en scène dans ce huis clos. C'est le monde imprévisible de la famille dans lequel Louis revient et où les personnages sont filmés de manière très proche. La tension y est oppressante car après 12 ans de séparation, tout le monde attend quelque chose de l'autre et vite : « On a peur du temps que tu nous donnes » lui dira sa mère. Cris et disputes sont au rendez-vous. Les réactions des personnages sont justes et vraies. Le cinéaste abandonne pour cette fois ses actrices fétiches Anne Dorval et Suzanne Clément, mais s'entoure d'un casting français hors pair (volontairement sans accent québécois, en s'adaptant à la pièce) : Méconnaissable Nathalie Baye en brune habillée de rouge aux ongles bleus qui incarne Martine l'énergique mère, figure centrale du cinéma de Dolan, dont une fois de plus le père est absent. Louis (Gaspard Ulliel) réussit une interprétation tout en finesse de ce jeune auteur, fils exilé venu accomplir une bien lourde peine auprès des siens. Catherine (Marion Cotillard) incarne sa belle-soeur gênée et maladroite, personnage emblématique du récit, sur le fil, car elle ne connait pas Louis, elle tente d'arranger, d'apaiser et surtout c'est elle qui va comprendre très tôt la lourdeur du secret de Louis. On le comprend grâce à des silences et des gros plans insistants sur le malaise entre les 2 protagonistes. Ce moment en suspens est amené de manière fort subtile par la mise en scène, et c'est très beau. Suzanne (Léa Seydoux) jeune femme paumée et petite soeur de Louis avide de connaitre son frère, fume tant de joints que cela ne lui fait « plus rien ». Antoine (Vincent Cassel) est angoissant en grand-frère de Louis mutique et colérique qui tente difficilement de contenir sa rage. Il reproche à son frère d'utiliser « des mots pour nous confusionner ».

 

C'est finalement les paroles de la mère, admirable et criarde Nathalie Baye, que l'on retiendra pour leur saveur reflétant la complexité des relations humaines. Ces quelques mots véhiculent à la fois amour et haine quand Martine dira à Louis entre deux bouffées de cigarettes « Je ne te comprends pas mais je t'aime et ça personne ne pourra me l'enlever. Tu peux la garder celle-là pour une de tes pièces ! ».

 

 

Stéphanie Lannoy - Madamefaitsoncinema.be

 

 Avis

 Toute l'actualité cinema

Le catalogue VOD de Pickx : le paradis des fans de science-fiction ! - Actu
Actu

Le catalogue VOD de Pickx : le paradis des fans de science-fiction !

Êtes-vous attiré par des films aux concepts imaginatifs et futuristes, tels que la science et la technologie, l'espace, les voyages dans le temps, les univers parallèles et la vie extraterrestre ? Votre coeur de cinéphile bat-il plus vite pour des blockbusters tels que "Dune", "The Matrix" et "Trans... Lire la suite...
Juste la fin du Monde

Juste la fin du monde

Drame  De : Xavier Dolan Avec : Léa Seydoux, Marion Cotillard, Vincent Cassel Adapté de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, le film raconte l'après-midi en famille d'un jeune auteur qui, après 12 ans d'absence, retourne dans son village natal afin d'annoncer aux siens sa mort prochaine.

Newsletter
Inscrivez-vous à notre newsletter: