Le ciel est bas, gris, sans perspectives. En quelques plans de friches à la beauté morose, Bouli Lanners plante magistralement le décor dépressif d'une humanité sans repères, au bord du gouffre.
Le réalisateur liégeois va faire jaillir la lumière de ce sombre univers à travers la quête de rédemption de deux mercenaires rythmée par le blues mélancolique de The Bony King of Nowhere et les déflagrations de violence et d'humour. Une lumière qui prend la forme d'une indéfectible foi en l'homme, en sa liberté, même pour le dernier des salauds, de retrouver son humanité perdue. Car au-delà de la merveilleuse poésie crépusculaire qui enrobe le film, c'est la tendresse infinie de Lanners pour ses personnages qui bouleverse durablement. La direction d'acteurs est irréprochable: le duo d'écorchés vifs Dupontel/Lanners fonctionne à merveille et les personnages secondaires sont bien en chair et en âme. Quant à la rencontre languide entre Michael Lonsdale et Max von Sydow, anges rédempteurs préparant la suite de la fin des temps, elle est sans aucun doute un des must see de ce début d'année.
Western contemporain, thriller christique, road movie contemplatif: Les premier, Les derniers est un ovni débordant d'empathie et d'émotion.