Le nouveau film d'Alberto Rodriguez arrive sur les écrans belges, fort d'un succès critique (il a remporté 10 Goyas, les Oscars espagnols) et public phénoménal. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le buzz qui le porte est largement mérité.
Ce polar noir et brûlant comme un été andalou envoûte dès le générique, une succession de vues aériennes sublimes des marais du Guadalquivir. Avec son enquête brillamment mise en scène, La Isla Minima n'aurait pu être qu'un passionnant polar moite. Mais le réalisateur de Groupe d'Elite transcende le genre en l'installant dans une fascinante ambiance crépusculaire. A travers les lourds silences et secrets des habitants de cette région désolée, il propose une allégorie sombre d'une jeune démocratie – l'action se déroule à la fin des années 70 - encore hantée par les démons du franquisme. Le spectateur est entrainé dans un véritable cauchemar éveillé, une enquête en pesanteur d'où sourd une menace intangible teintée de fantastique.
Rodriguez joue admirablement avec ce climat trouble et lui donne corps à travers les relations tendues entre ses deux enquêteurs au passé mystérieux.