Le respect des droits des femmes reste, un peu partout dans le monde, un enjeu majeur. L'histoire vraie de Hirut est, à cet égard, particulièrement édifiante: cette jeune fille de 14 ans, victime d'un enlèvement traditionnel, a tué son prétendant violeur.
Sur base de ce fait authentique, le réalisateur éthiopien Zeresenay Berhane Mehar pose le constat accablant du statut de la femme dans son pays. Mais, plutôt que de se centrer de manière convenue sur le drame individuel d'Hirut, il choisit une approche plus subtile: il multiplie les points vues des intervenants face aux drames (la famille de la jeune fille, la famille et les amis de la "victime", la police, le tribunal traditionnel, les représentants de l'Etat…) en les replaçant dans leur contexte social et traditionnel. Au final, l'intérêt de Difret se trouve moins dans le procès d'Hirut que dans l'autopsie édifiante d'une société à deux vitesses (villes/campagne), sclérosée dans des traditions que la Justice "moderne" n'a pas encore souhaité ou osé évacuer.
Elle pose néanmoins, à travers le destin de cette adolescente, un regard poignant sur ces femmes, doublement victimes de la justice des hommes, qui vont devoir se reconstruire dans une société qui les rejettera.