La tête haute pose d'emblée, lors de son intense scène d'ouverture, le choix d'un point de vue dont il ne se départira pas: celui d'aborder la question de la délinquance juvénile à hauteur d'enfant. A 16 ans, Malony cumule les handicaps familiaux, scolaires… et les infractions à la loi.
Emmanuelle Bercot va suivre le parcours chaotique de ce jeune en errance à travers diverses institutions d'accueil et les relations ambivalentes qu'il va établir avec la juge pour enfants (Catherine Deneuve, impeccable) et un éducateur qui veut aider Malony à s'en sortir (Benoît Magimel, bouleversant). La réalisatrice brosse le portrait de ce jeune en difficulté avec une délicate bienveillance qui ne sombre jamais dans le pathos déresponsabilisant ou l'attaque en règle d'un système protectionnel forcément imparfait. Elle ne le juge pas, mais envisage avec subtilité son évolution à l'aune de ses rencontres et de ses réactions face à ses actes. Avec, en toile de fond, sa souffrance permanente due au manque de repères et d'estime de soi. Il fallait un acteur exceptionnel pour incarner un personnage aussi psychologiquement complexe.
Le jeune Rod Paradot, dont c'est le premier film, le porte sur ses épaules de manière saisissante.