Du haut de ses neuf ans, Aria subit de plein fouet la déchirure sentimentale qui se produit entre ses parents. Chair de leur chair, elle n'est pourtant plus rien à leurs yeux lorsqu'ils se séparent, devenant l'incarnation de la crise, lui préférant ses demi-sœurs, nées d'une union précédente.
Passant de l'appartement de sa mère pianiste virtuose, au caractère nymphomane matinée de mante religieuse, à celui de son père, un acteur bellâtre et d'une superstition ridicule, Aria survit à tout. Aux humiliations, aux coups, à la perversité des amants de sa mère, à la cruauté de sa demi-sœur Lucrezia, l'obèse à papa... Sans oublier les bleus aux cœurs portés en milieu scolaire. Elle tente de comprendre le monde, sans connaître de réciprocité.
Fidèle à elle-même, Asia Argento reste dans la droite ligne d'un cinéma bipolaire, parfois hyper stylé et touchant, parfois furieux et punk, sans oublier de mélanger les deux. Au final ce carnet de route que nous devinons souvent au bord de l'intimité, présente un séquençage de fragments, des souvenirs épars, proches du surréalisme onirique, louvoyant tellement que la chute semble évidente.
Mais tout cela cache – sans malignité, juste par intelligence - habilement une main gagnante, ferme, qui, une fois abattue sur la table, vous laisse le souffle court, quelque peu traumatisé.