Il arrive aux âmes romantiques de perdre le lien avec la réalité, c’est bien connu. Mais on peut dire du poète allemand Heinrich von Kleist qu’il a poussé ce principe à l’extrême: il était à la recherche d’une femme prête à faire avec lui le pas vers ce qu’il considérait comme la preuve ultime d’amour, la mort.
Avec Amour fou, la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner se penche sur cette page étonnante de l’histoire de la littérature. Ce qui frappe d’entrée de jeu, c’est qu’elle n’a pas choisi de mettre le personnage le plus connu au cœur de son histoire — von Kleist lui-même — mais qu’elle se concentre sur Henriette Vogel, l’épouse très discrète d’un comptable bourgeois.
Du coup Hausner jette un regard éclairé sur le rôle de la femme dans la société de l’époque. Un rôle qui se limitait clairement au sois belle et tais toi. Rien d’étonnant à ce que madame Vogel se sente touchée par l’attention que lui portait un homme comme Kleist, même si ces idées étaient au mieux bizarres.
Le problème d’Amour fou, c’est qu’il ne parvient à aucun moment à rendre tangibles ces sentiments d’amour sublimés. Le résultat est un cinéma froid et monotone.