Nelly, une survivante des camps défigurée, se fait refaire le visage et va tenter de savoir si Johnny, son mari, l'a trahie. Celui-ci ne la reconnait pas et lui demande de ressembler en tout point à celle qu'il pense être morte pour protéger sa fortune.
L'argument de départ, qui fait penser au Vertigo de Hitchcock, est intriguant. Mais cette métaphore (l'Allemagne qui tente, tel le Phoenix, de renaître de ses cendres et de redonner vie à sa propre image idéalisée d'avant les camps) constitue malheureusement un sérieux obstacle narratif. Il est en effet difficile de croire que Johnny ne reconnaisse pas (ou se refuse à reconnaître) son épouse. Cette faille entre l'intention et le récit qui la porte crée, malgré une mise en scène sobre et milimetrée, une distance qui ne permet pas d'entrer pleinement dans ce drame amoureux jusqu'à une scène finale d'une grande puissance émotionelle et évocatrice.
Porté avec conviction par Nina Hoss et Ronald Zehrfeld, que Christian Petzold avait déjà dirigé dans Barbara, Phoenix a lui aussi deux vie: une première, un peu frustrante, à l'écran, et une seconde, bien plus passionnante, dans la déconstruction historico-métaphorique qui suit sa vision.