Dans les premiers films de Blomkamp (District 9, Elysium), la situation politique et sociale en Afrique du Sud était presque plus importante que le genre utilisé. Ce Blomkamp nr 3, Chappie, est, lui, totalement un film de genre.
Le film démarre en partie comme un remake de Robocop, pour prendre des allures de Pinocchio avec des échos du A.I. de Kubrick et Spielberg, dans un costume de Short Circuit. Geppetto est un inventeur indien, le chat et le renard, interprétés par des membres du groupe de rap sud-africain Die Antwoord, sont des gangstas blancs, le grand méchant est remplacé par un militaire fanatique et fondamentaliste chrétien (Hugh Jackman) et la fée n’est rien de moins qu’un programme informatique qui transforme l’impossible en réalité. Et oui, le Robo-Pinocchio a des oreilles d’âne. Il se peut que Chappie soit plus proche de ce que Spielberg avait finalement voulu faire avec son adaptation de Kubrick, car ce film de Blomkamp est moderne, drôle, réaliste et sentimental, mais jamais extrême. Evidemment, on a envie de retrouver les surprises sociologiques et satiriques de District 9, mais ce n’est pas l’ambition de Chappie.
Les quelques moments osant la critique sociétale sont trop brefs pour éveiller le spectateur. Ceci dit, ce troisième film signé Blomkamp est en tout cas moins ennuyant que la plupart des productions hollywoodiennes. Ce qui, en soi, n’est pas une mince prestation.
