Né au début du XXe siècle, plus précisément en 1904, Jean-Florian Collin compense ses origines modestes et son état de "batard" par une insatiable volonté de réussite. Sa carrière vivote, entre actes de bravoure sur les fronts de guerre, et quelques premiers investissements dans la brique. Il fonde en 1932 la société Etrimo, soit l’abréviation d'Études et Réalisations Immobilières.
Si les débuts son difficiles (Collin essuie une première faillite), et qu'il faut tout recommencer, la reconstruction nécessaire après la Seconde Guerre Mondiale va favoriser les activités d'Etrimo, un mouvement amplifié par la crise Congolaise des années 1960 et le retour des expatriés qu'il faut loger... pour prendre encore plus d’ampleur avec la construction en série d'immeubles modulables (qui s'adaptent à tous les sites) "abordables" pour tous les membres de la classe moyenne. En effet, nous parlons ici d'une époque où les permis immobiliers sont délivrés à l'aveuglette (sous l'effet des pots-de vin), et les normes de construction peu contraignantes... de plus les sociétés de crédits poussent "au crime", et l'économie est globalement florissante.
Etrimo se divise en plusieurs sociétés, afin de maîtriser tant les chantiers que les ventes, les locations.. Collin, grand seigneur, brasse l'argent, et en dépense également beaucoup. Mais à l'aube des années 1970, le système Etrimo prend l'eau, et Jean-Florian Collin se fait lâcher par ses "amis". Il doit affronter la déliquescence de son empire, et la fureur d'acheteurs d'un rêve qui ne sera jamais livré.
Ce documentaire originellement prévu pour une diffusion télévisuelle (composé d'archives de la RTBF nous faisant redécouvrir un tout jeune Jacques Bredael, de témoignages de membres de la famille, ...), connaît les honneurs d'une discrète sortie en salles. Bref et informatif, ce docu est servi par une réalisation de Matthieu Frances et David Deroy qui va à l'essentiel avec beaucoup d'efficacité. Ces messieurs nous dressent à la fois un portrait d'homme, d'une certaine Belgique, de la classe politique... Des sujets multiples, parfaitement articulés.
