Réparer les vivants : Drame d'une poésie absolue sur les mutations de l'espèce humaine - Actu Cinema

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Il fait nuit. Simon (Gabin Verdet) s’échappe par la fenêtre de la chambre de sa petite amie (Galatéa Bellugi) et enfourche son vélo à pleine vitesse dans les rues de la ville. Plus loin, son comparse sort sur les toits, escalade les murs et s’élance lui-aussi, à skateboard dans les rues. Les deux compères se rejoignent et montent dans une camionnette où les attend le troisième larron, direction la mer du nord pour une séance de surf au petit matin. Au retour, c’est l’accident. Simon est transporté à l’hôpital du Havre. A des kilomètres de là, à Paris, une femme, Claire (Anne Dorval) tente de continuer une vie normale malgré ses problèmes de santé. Elle attend une greffe éventuelle qui pourrait prolonger sa vie.

Réparer les vivants de Katell Quillévéré (Prix Jean Vigo pour Un poison violent ; Suzanne) est un film onirique qui brise le tabou du don d’organe, dans une grande puissance émotionnelle et lyrique. Le scénario co-écrit avec Gilles Taurand (Les Egarés d’André Téchiné) est inspiré du roman homonyme de Maylis de Kerangal. Le film est généreusement servi par une pléiade d’acteurs qui nous emportent dans ce récit extrêmement touchant. On plaint les parents effondrés devant leur drame et notamment la mère, Marianne, bouleversante Emmanuelle Seigner ; la difficulté de vivre de Claire, émouvante Anne Dorval (Mommy de Xavier Dolan) et sa résignation à accepter son sort et sa maladie « c’est peut-être mon heure » dira-t’elle calmement à son médecin, la très sérieuse Dominique Blanc. On relève aussi un duo d’acteurs très réussi composé de Bouli Lanners (docteur Pierre Révol) qui crée la surprise dans ce rôle et Tahar Rahim, tous deux cliniciens dévoués à leur travail. Les deux comédiens nous donnent une approche humaine du corps médical tout en retenue, qui agit avec prévenance envers les patients malgré sa lourde tâche.

Les éléments narratifs hissent le film vers la vie. S’il est bouleversant, c’est toujours avec une énergie positive. La musique, composée par Alexandre Desplat, joue un rôle déterminant dans le récit puisqu’elle lui insuffle une note d’onirisme qui en fait aussi la caractéristique. L’image signée par Tom Harari (déjà présent sur les précédents films de la cinéaste comme Suzanne) participe  également à la poésie de l’histoire. Une séquence de surf d’une beauté absolue dans les vagues de la mer du nord au petit matin est ainsi magistralement filmée. Le spectateur est avec les surfers, dans l’eau. Quand la vague arrive, la caméra part sous l’eau, on distingue la surface, et c’est superbe. La scène s’assombrit : Simon voit de drôles de formes liquides noires évoluer dans la mer. Scène qui peut être annonciatrice de ce qui va se produire par la suite. Au-delà de l’onirisme que dégage ce film on regrette un petit peu le côté bien-pensant dans le traitement des héros qui incarnent le corps médical. On insiste beaucoup sur l’abnégation de ces gens qui finalement sont presque parfaits. Tomas Remige (Tahar Rahim) regarde à ses heures perdues des oiseaux chardonnerets sur le web (cela n’aurait rien gâché qu’il soit un peu moins lisse et regarde du trash !).

Même s’il s’agit d’une fiction, on découvre de manière très précise et quasi documentaire le sérieux du travail des équipes médicales et chirurgicales qu’on ne peut qu’admirer. Le film montre combien le don d’organe repose sur une chaîne humaine et solidaire qui se créée ici en l’espace de vingt-quatre heures (même si l’on ne se rend pas compte de cette urgence tant le film nous emmène dans un lyrisme total) et au-delà des professionnels. On est emportés par ce récit bouleversant sur un sujet délicat qui nous dépasse tous.

 

Stéphanie LANNOY – Madamefaitsoncinema.be

 

 

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