Avec le retour de la 3D, remise au goût du jour tous les 20 ans, les artisans du 7e art ont misé sur l'amélioration, non pas sur la nouveauté. Peu après, les projections à 48 images secondes, d'une netteté qui divise le public, n'ont pas véritablement changé la donne. Et voici que débarque la nouvelle Rolls-Royce en salles obscures (dans deux salles Kinépolis en Belgique) : le Laser ULTRA, et une nouvelle évolution du Dolby, l'Atmos. La différence de prix à la caisse (environ 5,50 euro, prix Kinepolis) en vaut-elle la peine ? Nous tentons de répondre à cette question dans ce dossier. C’est sur une version fraîchement livrée du film Le Hobbit: la Bataille des Cinq Armées que nous avons pu évaluer l’efficacité de ce nouvel équipement. Voici l’avis de la rédaction !
Pour commencer, voici un lexique, afin de ne pas perdre pied!
HFR (High Frame Rate): la projection du film a lieu en 48 images par seconde au lieu du classique 24 images par seconde. Ce doublement d’images apporte un niveau de détail important particulièrement dans les mouvements de caméras rapides. Si le gain est évident, chacun appréciera ou non cette netteté parfois troublante...
Dolby Atmos : nouveau procédé de traitement audio dans la salle, émanant de la société Dolby, permettant de piloter un très grand nombre d’enceintes (60 dans le cas de Kinepolis) en incluant des enceintes dans le plafond. Le son est donc envoyé dans 60 "zones" différentes là où le système de base se contente de 5 "zones". Le résultat reste aussi discret que bluffant, plongeant le spectateur dans une sorte de bulle sonore à 360° (ou presque).
Laser Ultra: Ce terme regroupe en réalité deux grandes nouveautés. Le Dolby Atmos déjà expliqué précédemment mais urtout l’utilisation d’un nouveau projecteur remplaçant la traditionnelle lampe au Xénon utilisée pour projeter l’image par 3 lasers.
L’intérêt est facile à comprendre et les avantages multiples. Un des plus grands défis de la projection a toujours été de proposer des noirs vraiment noirs et non pas gris, ainsi que des blancs éclatants. Ces deux concepts sont en réalité opposés car les systèmes de projection utilisant des lampes créant de la lumière sont par définition opposés à l’obtention d’un noir profond (qui est en réalité recréé en juxtaposant les couleurs fondamentales). En s’affranchissant de l’utilisation d’une lampe, le projecteur peut atteindre des niveaux de noir très profond, des blancs éclatants ainsi que des images ultra définies.
La projection est réalisée en 4K ce qui signifie que la définition (le nombre de points affichés à l’écran) est de 4 fois la haute définition qui est aujourd’hui disponible sur la plupart des téléviseurs. Cela représente également le double de la définition utilisée précédemment au cinéma. Le procédé permet de ne pas souffrir de l’usure de la lampe : auparavant, si vous alliez voir un film dans une salle "normale" et que, pas de chance, vous tombiez sur une lampe en fin de vie, l’image en était vraiment dégradée, ce n’est plus le cas sur ce projecteur. Les premiers échos à propos des projecteurs laser indiquent que le procédé serait aussi plus "écologique".
Le laser Ultra s’appuie sur le dernier projecteur développé par Barco, seul projecteur au monde capable d’afficher un contenu 4K en 60 images par seconde.
Nous pouvons à présent examiner les différentes versions proposées :
Niveau 1 : Celui-ci vous propose le film dans un format classique. La projection sera réalisée en haute définition 2D (2K) et avec un son dolby digital classique (avec 5 canaux).
Niveau 2 : Comprend les mêmes caractéristiques que le niveau 1 mais on y rajoute la 3D. Étant donné que la 3D est ici projetée à partir d’un projecteur à lampe "classique" à luminosité limitée, l’utilisation de la 3D va diminuer la qualité de l’image projetée en contraste et en luminosité (étant donné que les lunettes 3D agissent, expliqué de manière simpliste, comme des lunettes solaires).
Niveau 3: la projection est ici réalisée en 3D HFR. Le principe est donc de doubler le nombre d’images affichées à chaque seconde à l’écran. Ce procédé bien que techniquement intéressant peut être dérangeant pour le public car l’image projetée à tendance à se rapprocher d’une image vidéo plutôt que d’une image cinéma. Comprenez ici que l’augmentation du nombre d’images a tendance à créer une image nette, voire trop nette.
Niveau 4: comprend les mêmes caractéristiques que le niveau 3 mais on rajoute le Dolby Atmos. Ce procédé rajoute une nouvelle dimension de réalité sonore aux films. Pour faire simple imaginez vous que depuis votre place dans la salle vous pouvez désormais entendre le son provenir de 60 endroits différents alors qu’il provenait de 5 auparavant. Ceci entraîne une réelle immersion sonore dans les films.
Niveau 5: Le summum (4K, Atmos, HFR, 3D, Laser). Techniquement un sommet jamais atteint jusqu’à présent en cinéma grand public. Tout simplement le meilleur du son et le meilleur de l’image disponibles à ce jour. Le HFR et la 3D restent une question de j’aime ou j’aime pas mais le 4K, Atmos, Laser donnent une image tout simplement magnifique: ultra définie, noir profond, blanc éclatant, couleurs parfaites, définition d’image très (trop ?) élevée. Une réelle expérience.
L'avis des membres de la rédaction :
Afin d'obtenir un jugement nuancé par rapport au "4K, Atmos, HFR, 3D, Laser" (reprenons notre souffle), nous avons débarqué à trois afin de tenter l'expérience. Vois trouverez une partie du dossier dans la section critiques de films.
Sébastien:
"Cette nouvelle technologie constitue peut être une bonne nouvelle pour ceux qui ont l’habitude d’avoir des maux de tête ou une gêne permanente lors des projections 3D, le système étant plus précis nous avons constaté un confort accru dans le visionnage. Souvent la sensation d’inconfort (qui n’est pas perçue par tous) venait du fait qu’une partie de l’image destinée à l’œil gauche était visible pour l’œil droit et vice versa. Chose visiblement corrigée grâce aussi à une version optimisée des lunettes polarisées.
La projection à 48 images par seconde apporte un vrai plus dans la fluidité des images, surtout dans les scènes d’actions. L’effet est saisissant! Les cinéphiles étant habitués depuis des lustres à une projection à 24 images par secondes auront l’impression de jouer à un jeux vidéo ou même de regarder une vidéo où les mouvements paraissent plus rapides. Ceci est principalement une question d’habitude, la première vision d’un film en 48 fps nécessite un temps d’adaptation. De notre côté il nous a fallu près de 20 minutes pour oublier cette évolution et se laisser porter par une image visiblement moins floue dans les mouvements.
La technologie de projection au laser apporte un plus dans la gestion des noirs. Les scènes obscures chères aux films de science-fiction sont désormais traités comme il se doit. Nous rajouterons que les contrastes sont visiblement plus forts ce qui rend l’image plus réaliste et les couleurs profondes."
Timothy :
"La dernière fois que j’ai été impressionné par une technologie dans un film fut lors de la première projection d’Avatar en 3D. La 3D a été une grande déception depuis, mais il s’agissait d’un nouveau sommet technique atteint.
Les avantages de la projection Laser sont directement visibles dans la première grande scène d’attaque de Smaug le dragon, l’image est tout simplement stupéfiante. La 3D est beaucoup plus claire et définie grâce à la projection en 3D 4K, et surtout grâce à l’utilisation du laser qui permet d’atteindre une luminosité plus que suffisante pour la 3D.
Il faut comprendre que pour un projecteur, le rendu le plus difficile à atteindre est typiquement une scène dans le noir avec des mouvements rapides et des parties lumineuses (par exemple un homme courant dans une grotte avec une torche). Ici un dragon crachant du feu en volant dans la nuit, reproduit exactement la même situation... pour un résultat tout simplement bluffant.
L’avantage n’est pas que dans cette scène mais bien tout au long du film, les panoramas sont ultra définis, les scènes de batailles ultra détaillées et le détail de chaque image est impressionnant.
Le dolby Atmos apporte une immersion sonore intense, bien maîtrisée, et qui, en fait, se fait oublier. Ceci est en réalité l’effet recherché, une immersion dans le son du niveau de l’immersion dans l’image obtenue par la projection laser.
En bref, j’ai été impressionné par ce cocktail de technologies qui permet un nouveau niveau d’immersion dans les films. Les films à réellement profiter du système sont bien entendus les films à gros budgets."
