Explorant avec un mélange de crainte, d'angoisse et d'avidité les "dernières" frontières, le colon ne fait pas le poids face à la nature et aux natifs dans cette Amérique du début des années 1800. Dans ces contrées dépeintes par Henry David Thoreau ou encore Ralph Waldo Emerson, il tente pourtant de s'approprier les biens des indiens: les fourrures d'animaux.
Hugh Glass et son fils Hawk, métis Pawnee, font partie d'un de ces groupes de trappeurs. Lors d'une expédition, ils se font attaquer par les indiens Arikaras, en quête de vengeance. Seuls quelques uns d’entre eux parviennent à s'enfuir, le plus dur restant à faire: marcher au cœur de l'inconnu pour atteindre le fort le plus proche. Blessé gravement par un grizzli, Hugh est confié à trois hommes, alors que les autres partent en quête d'aide. Mais les "gardiens" cèdent à la lâcheté, assassinent Hawk, et laissent Hugh pour mort… Son désir de vengeance l'emportera sur la faucheuse.
Filmé en décors naturels, à des heures bien précises pour les raccords de plans, d'une manière incroyablement libre (les caméras flottent comme des esprits), le dernier long-métrage - jusqu'au-boutiste - d'Alejandro González Iñárritu, The Revenant, accumule minute après minute les propositions inédites (dont une sorte d'étonnante sensualité filmique), les exploits cinématographiques, sans pour autant égarer son spectateur.
D'une précision touchant à la maniaquerie poétique, renforcée par la très belle bande-son signé Ryuichi Sakamoto et Carsten Nicolai / Alva Noto (le maître à penser du label Raster-Noton), mais aussi chantier à risque, éprouvant pour l'équipe de tournage, et pour les producteurs vu les dépassements financiers, The Revenant est à la hauteur de la vision d'Iñárritu, et des nombreux sacrifices techniques!