Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan aurait préféré ne pas tourner Winter Sleep en Cappadoce: il craignait que la beauté de la région ne détourne l’attention de son histoire.
Pour ma part, je suis heureux qu’il l’ait quand même fait. La région est effectivement à couper le souffle et Ceylan n’a rien perdu de ses instincts visuels, vu qu’à la base, il est photographe.
Par contre, ce qui est nettement moins bon signe pour le film, c’est qu’à chaque fois que la caméra passe sur le paysage, on en ressent un soulagement. La plus grande partie du film se passe en intérieur, en compagnie de gens avec qui vous n’auriez pas spécialement envie de passer plus de temps que nécessaire. Winter Sleep se voit comme un regard critique sur la classe intellectuelle turque, au sein de laquelle Ceylan se compte aussi. Des gens qui aiment à parler et avancer des avis, mais qui en fin de compte communiquent amèrement peu.
Attention, l’usage de personnages rebutants ne doit pas d’office former un obstacle insurmontable, et il faut reconnaître que Ceylan propose son lot de fortes scènes. Mais vu qu’il a essentiellement empli les trois heures de son film de monologues littéraires sans fin, le sentiment qui domine au final, est quand même l’ennui.
