L’‘image manquante’ dont parle Rithy Panh dans le titre de son documentaire est la face méconnue de la révolution culturelle menée par les Khmer Rouges communistes au Cambodge durant la seconde moitié des années ’70.
Une image d’une noirceur absolue en ce sens que les horreurs évoquées sont tellement atroces qu’elles ne supportent pas la lumière, mais aussi parce qu’il n’existe presque pas d’images les montrant. Le leader des Khmer, Pol Pot adorait faire usage du cinéma comme moyen de propagande (des films que l’on peut encore voir, eux), ce qui veut dire que tout ce qui ne sortait pas de son échoppe était purement et simplement nié. Panh comble ce vide en reconstituant les scènes à l’aide de poupées en argile, une approche créative et souvent très parlante.
Il espère ainsi donner une idée de ce qu’il a vu et vécu. Panh était à peine âgé de 11 ans lorsque les Khmer ont pris les rennes du pouvoir, un âge auquel il lui était impossible de comprendre la signification plus large de sa souffrance et de sa misère. Pour accompagner les poupées, un narrateur lit des extraits des mémoires de Panh, deux éléments qui doivent nous faire ressentir le vécu du réalisateur.
Mais le texte du narrateur, écrit par Christophe Bataille avec Panh, que l’on écoute durant une heure et demie, est tellement monotone qu’il nous bercerait presque.