Philippe Claudel construit son drame avec attention et économie, ne libérant de l'information que lorsque c'est absolument nécessaire. Tout en donnant l'impression de ne pas tout dévoiler.
Le départ de l'histoire pourrait être celui d'un épisode de la série télévisée Alfred Hitchcock présente: chaque jour, un homme reçoit des fleurs, sans savoir qui les lui envoie. Alors qu'il commence à soupçonner une beauté algérienne d'être l'auteur de ces envois, on se retrouve sur un terrain à la Vertigo, avec Daniel Auteuil en James Stewart français et Leila Bekhti en lieu et place de Kim Novak.
Mais tandis que l'histoire se développe, on évolue vers l'univers de Claude Chabrol et sa vision destructrice de ces vieux couples bourgeois menant une vie de mensonges, ne se supportant plus. Par contre, si on se concentre sur le ton, Claudel serait plus proche d'un Michael Hanneke.
Le début rappelle d'ailleurs (même si ce n'est pas voulu, mais par la résence de Dainel Auteuil) le Caché de Hanneke. Quoi qu'il en soit, après son superbe Il y a longtemps que je t’aime, Claudel prouve qu'il est l'un des meilleurs raconteurs français du moment, une denrée qui se fait de plus en plus rare.