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Le jeune Conor O'Malley a de gros soucis. Il doit faire face à la maladie de sa mère, supporter les intimidations de ses camarades de classe, répondre à une grand-mère taciturne. Pour s'échapper, chaque nuit, il s'invente un univers fantastique dans lequel un monstre vient lui rendre visite. Conor va apprendre à grandir malgré lui, à travers et grâce à ses rencontres nocturnes.
Favori de la prochaine 31ème cérémonie des Goyas avec 12 nominations, Quelques minutes après minuit est un drame fantastique inspiré du roman à succès de Patrick Ness qui, heureuse idée, en a aussi écrit le scénario. La mise en scène réalisée par Juan Antonio Bayona (L'orphelinat) sous la direction artistique de Eugenio Caballero épouse parfaitement le récit. L’idée originelle vient de l’auteur de littérature pour la jeunesse Siobhan Dowd, qui souhaitait écrire ce roman mais mourut d’un cancer en 2007.
Le film est une fable intelligente sur l'apprentissage d'un enfant qui va devoir grandir très vite face aux difficultés de la vie. Les agressions du quotidien, des camarades de classes qui le malmènent, sa relation difficile avec une grand-mère acariâtre campée par la stoïque Sigourney Weaver sont déjà beaucoup de choses à gérer pour le timide Conor, magnifiquement interprété par le jeune et convaincant Lewis MacDougall (Pan de Joe Wright). Mais au-delà de tout cela, il va devoir franchir les obstacles de l'existence extrêmement difficiles que sont la maladie d'un être cher, sa mère, touchante Felicity Jones et la confrontation à la mort qu'implique sa maladie incurable. Comment survivre ? Quels mécanismes mettre en place pour affronter de telles difficultés de la vie ? Le film rassemble toutes ces questions en un conte onirique. On est transporté dans l'univers de Conor, l'accompagnant dans ses doutes, ses colères, dans sa peur face au monstre effrayant qu'il va s'inventer et qui va le guider.
Le monstre, sorte de coach pour Conor, puise son humanité dans l'envoûtante voix de Liam Neeson qui va raconter plusieurs histoires initiatiques au jeune garçon dont à chaque fois subsistera une morale, lui apprenant la complexité de l’existence. Cet arbre, un If, est finement dessiné, d'une beauté rare et rappelle forcément les Ents, esprits de la forêt du Seigneur des anneaux de Peter Jackson inventés par Tolkien. L'univers est sombre et inquiétant. Chaque nuit quelques minutes après minuit, le sol tremble, le temps se bouleverse et le monstre apparait... L'univers visuel fantastique est enivrant, magnifié par la photographie d’Oscar Faura et l’on plonge volontiers dans ce monde irréel. L'ambiance sonore, signée Oriol Tarrago est aussi une des dimensions essentielles dans l'élaboration de ce monde parallèle.
Conor va devoir affronter les épreuves, apprendre à maîtriser ses colères et grandir. En cela le genre fantastique est cohérent et confère une belle morale au film qui plaira surtout aux plus jeunes, mais ne laissera pas indifférents les adultes par son intelligence à évoquer des situations difficiles pour la jeunesse, adoucies par le conte.
Stéphanie LANNOY
