Les films du tiers-monde ont la réputation d’être plutôt ennuyeux. Grossière erreur. Ils sont, c’est vrai, souvent lents, mais certains d’entre eux sont terriblement passionnants et intenses.
Ixcanul, film guatémaltèque, est en plus construit avec soin. Au centre de l’histoire, on retrouve Maria, jeune Maya dont le père travaille dans une plantation de café au pied d’un volcan. Un mariage riche devrait permettre à la famille d’améliorer sa qualité de vie, malheureusement, un moment d’égarement avec un jeune homme du coin jette tous les espoirs familiaux aux oubliettes. Les superstitions des indiens pauvres, leur mauvaise connaissance de l’espagnol et les magouilles de voisins plus aisés et d’habitants de la ville poussent alors la famille dans une véritable spirale infernale. Une narration passionnante au travers de laquelle le réalisateur, Jayro Bustamante, parvient à aborder des tas d’éléments critiques vis à vis de la société. Comme la lutte pour la survie des indiens mayas dans une société en évolution constante, l’exploitation des non instruits, l’incompréhension des gens de la ville pour la situation des indiens, la place de la femme au sein de la société, etc.
Et pour parfaire le tout, l’histoire se déroule dans des décors magnifiques, hauts en couleurs et superbement photographiés. Ce n’est donc pas un hasard si Ixcanul a décroché un prix à la berlinale, et s’il s’est même offert le grand prix du Film Fest Gent.